Essai Porsche 911 (997) Carrera S (X51) : la vie rêvée
Porsche 911 (997) Carrera S (X51)
105 000 € en 2006
65 000 € en 2024
6 cylindres à plat de 3,8 litres
Essence SP98
381 ch
415 Nm
Manuelle à 6 rapports
Propulsion
4,6 s
296 km/h
Large à l'arrière
4,43 m
1,81 m
1,30 m
2,35 m
1 420 kg
64 l
215 km
13,5 l/100 km
277 g
26 CV
Datant de 2006, cette Porsche 911 (997) Carrera S est dotée d’un kit usine nommé X51 ainsi que d’un aérokit GT3. Malgré son style de kéké, à l’essayer, elle m’a fait rêver le temps d’une journée. Et même plus qu’une journée.
Le contexte de l’essai
Encore une fois, la magie de Twitter. On y parle bagnoles, on se fait des copains, on se retrouve à Vauban, puis à tous les HYF dans les Yvelines avant de partager une saucisse de Frankfort dans l’Eure-et-Loir. Voilà comment résumer ma rencontre avec Guillaume. Attention, pas le Guillaume des Lotus dans le Morvan. Il s’agit du Guillaume qui roule le week-end en 911 et la semaine en ID.3 complètement buggée . Toutefois, il faut croire que le prénom Guillaume prédestine à la générosité et au partage. Au point de filer le volant de leurs bolides durant quelques heures. Voici donc le récit de ma première fois à conduire une Porsche 911 sur route.
Le physique de la Porsche 911 (997) Carrera S (X51)
La Porsche 911 est la plus belle voiture du monde. C’est simple. C’est simple comme son dessin. Bon d’accord, ce n’est peut-être pas la plus belle au monde face à une Alfa Romeo 8C 2900B Touring Berlinetta, à une Mercedes 300 SL Gullwing ou à une Jaguar Type E. Cependant, elle reste la plus belle pour sa simplicité, particulièrement dans un usage quotidien. Le modèle de Guillaume ne correspond pas tout à fait à ma définition. À la base, il s’agit d’une 997 Carrera S. Pour les nuls en Porsche (comme @LeStagaire), la 997 est la 6ème génération de 911 avec une production s’étalant de 2004 à 2012. La génération qui me faisait rêver adolescent notamment dans sa version Turbo en Jaune Racing.
La 997 de Guillaume n’est pas jaune. Elle est noire. C’est un peu triste le noir. Certains disent que c’est classe le noir. C’est surtout l’autre « couleur » chez Porsche avec le gris. On peut le regretter tout comme je n’apprécie pas les jantes Carrera Classic en 19 pouces. Je suis clairement casse-couillesbonbons sur ce sujet car c’est rarement harmonieux. Nous avons une « relative » grosse caisse de 1 420 kg et cinq branches toutes fines. Sur cette phase 1, je n’aime que les jantes de la Turbo.
Cette 997 se magnifie (non) par un aérokit avec notamment une lame (chiante) et un aileron (moche). Le projet (à 6 000 € en options) a pour but de ressembler à une GT3. La version de course. C’est là où le bât blesse. Soit t’es une GT3, soit tu ne l’es pas. Et ce n’est pas grave, t’as le droit d’être une simple Carrera S. Sachant d’ailleurs que ce n’est pas une simple Carrera S de 355 ch.
Le kit usine X51
Porsche est la meilleure marque du monde mais c’est aussi la plus cinglée avec les options. La liste dépasse tous les catalogues à la Prévert. Au point qu’il est impossible de comparer une 911 avec une autre 911 d’autant plus quand celle-ci a une prépa mécanique. À Zuffenhausen, il doit exister un concours d’ingénieurs allemands se disant que chacun allait avoir une version de 911.
Avec notamment ce X51 à 12 500 € qui se « compose d’un collecteur d’admission spécifique, d’un collecteur d’échappement au diamètre plus important, de nouvelles culasses, d’une boite à air carbone, de l’échappement sport et d’une gestion électronique ». Je retiens que la puissance passe de 355 à 381 ch et je me rends compte que la boîte à air siffle bien ! Pas autant qu’un moteur HEMI V8 5,7 l mais joliment tout de même, à croire qu’on a un turbo. Sensation amplifiée par la capacité de la 911 à être facile, même bas dans les tours. Les 3,8 l de cylindrée et son couple de 415 Nm expliquent ceci.
Le déroulé de la journée en Porsche 911 (997) Carrera S (X51)
Rendez-vous à 8h30. Un dimanche. L’avenir appartient à ceux qui se lève tôt. Etonnamment, j’ai réussi à dormir la veille. Je ne suis jamais insomniaque sauf quand le réveil sonne avant 7h (ce qui est ultra rare) et quand je suis trop excité (ce qui arrive parfois). Là j’allais conduire la voiture de mes rêves. Alors, celle de mes rêves est la 991.2 Turbo S mais j’ai bien compris qu’une 997 Carrera S allait largement me suffire. Et même sûrement trop, on y reviendra. Toujours est-il que je me suis probablement conditionné pour me convaincre que j’allais être déçu, qu’une 911 n’est pas la panacée et que tout le monde en fait des tonnes pour rien au sujet de cette sportive légendaire. Spoiler (qu’elle a) : c’est encore plus incroyable que dans mes rêves.
À mon arrivée et avant de commencer, on débute par un tour dans la fusée Mercedes EQE AMG 53 avec un 0 à 100 en 3,4 secondes. Oui, Guillaume a compris que l’électrique est fantastique au quotidien et que le thermique est incomparable le week-end. L’idéal pour se rendre compte de la différence de poids entre une sportive de 1 420 kg et une routière de 2 690 kg. C’est bien ma première impression en passager de la 911 : elle vire plus à plat qu’un œuf. Guillaume s’occupe de chauffer la Porsche qui dormait depuis plusieurs semaines sous une double bâche. Il m’indique que la boîte accroche un peu à froid ainsi que l’efficacité est moindre du freinage. Après 10 min, c’est à mon tour de prendre le volant.
Au volant de mon rêve
Je m’installe tranquillement et je vous annonce que je n’ai pas réalisé des folies. Le plaisir était ailleurs. Pas de folies car déjà, quand on a le propriétaire à ses côtés, que celui-ci est du genre précautionneux avec ses caisses, et qu’il te parle régulièrement de sa passion pour les Glock et autres FAMAS au stand de tir ; bah t’es pas forcément très rassuré. D’autant plus que je n’ai pas l’habitude des sportives aux boîtes manuelles de près de 20 ans.
Je ne comptais pas du tout finir dans un champ mais je craignais plus de me fâcher avec l’embrayage. Non pas que celui-ci soit défaillant mais bien que j’ai besoin d’un peu de temps. Genre plusieurs jours. J’ai proposé à Guillaume de la garder mais il n’a pas été emballé par mon idée. Car oui, j’ai voulu repartir avec cette Porsche 911. Pour profiter chaque jour de ce compte-tours central. Et de tout le reste.
La polyvalence extrême de la Porsche 911 (997) Carrera S (X51)
Clé à gauche, on débraye et on tourne vers la droite. On comprend immédiatement que la Porsche 911 peut s’utiliser quotidiennement avec sa capacité étonnante à se mouvoir en ville. Sauf évidemment si on se tape un aérokit de kéké avec une lame qui frotte les dos-d’âne une fois sur deux. Même en les prenant au ralenti et de travers. Enfin, en diagonale. Pour le reste, la direction est souple et la boîte aussi. Quand on relâche son pied gauche correctement, en douceur. La première et la marche arrière agrippent un peu mais c’est sûrement une question d’habitude. D’où l’idée de la garder. Pour m’exercer. On se rappellera aussi que notre cul est plus large que notre avant. Autrement, aucune autre consigne spécifique, c’est tout/doux.
Le royaume de la douceur
J’ai mis plusieurs minutes à mettre pied dedans. J’étais content au volant de ma 911. Oui c’est devenu ma 911 durant l’essai. Guillaume me racontait des trucs mais moi, je ne l’écoutais pas vraiment, je me voyais sur des routes californiennes à cruiser. Au point que j’ai même lâché ma main droite pour la laisser sur le pommeau de vitesses, tranquille. Cela n’a pas duré bien longtemps car Guillaume m’a remis dans le droit chemin en arguant qu’on conduit avec les deux mains sur le volant, spécialement une Porsche. Il a raison. J’ai été charmé par cette GT. Je ne pensais vraiment pas qu’une 911 pourrait être aussi souple et fluide.
Un monde de performances
Tout cela est bien gentil mais on parle de la meilleure sportive du monde donc il fallait bien tester ses capacités. Peut-être que j’ai réussi à atteindre 10 % de son potentiel. Ou 15 % si je veux me vanter. Toutefois, dans les limites de mes compétences, j’ai compris que plus on allait vite, plus cette Porsche allait déployer ses forces. Déjà par la précision de sa direction. Si on roule un peu lâche, elle pourra être désinvolte. Si on durcit la cadence, elle se positionnera pour suivre le rythme. Elle se place comme une propulsion à enrouler. Par contre, on ne peut pas parler d’un tempérament joueur comme une GR86. On retrouve la rigueur allemande caricaturale d’une bagnole qui est là pour taper les chronos. Du style Civic Type R mais avec le confort en plus.
La vie en Porsche 911
Lors de mes 72 essais, j’ai été plus impressionné par l’efficacité du Grecale Trofeo, la force de l’AMG A 45 S, la rondeur du V8 de la Ghibli Trofeo, la folie de la GR Supra ou l’agilité de l’A110 mais aucune ne m’a fait rêver comme cette 911. Je ne sais pas si c’est du fait de son flat 6 si iconique mais y a un sentiment d’affection incommensurable pour cette caisse. Comme si elle était ma meilleure amie. Et surtout, comme si je voulais la garder pour la vie. Pas tant dans un désir de possession mais surtout dans une volonté d’apprentissage. Elle convient à tous les niveaux, du conducteur débutant au pilote professionnel.
Le flat 6 de la Porsche 911 (997) Carrera S (X51)
En parlant de pilote, fort de son expérience d’une dizaine d’années sur circuit, Guillaume me montre les possibilités offertes par cette Porsche 911. J’avais déjà fait un tour sur circuit avec lui et j’ai bien perçu sa capacité à réussir du talon-pointe pour garder un régime élevé à chaque freinage. En reprenant le volant, j’ai naturellement retrouvé une conduite plus pépère avec parfois une montée en régime. Dès qu’on dépasse 6 000 tours, c’est l’explosion. On relâche avant le rupteur à 7 200 trs/min, histoire de ne pas finir dans le rapport Piwis, qui garde en mémoire toutes les plages de surrégimes, et aussi pour ne pas se faire tuer à mains nues par le propriétaire de la bête.
Visuellement, le flat 6 impressionne moins que d’autres moteurs, surtout en porte-à-faux arrière. C’est à l’image de la voiture de manière générale. Tout comme son 0 à 100 km/h en 4,6 secondes. Elle cache terriblement son jeu. Un peu moins avec un aileron mais autrement, même avec une puissance équilibrée par rapport à certaines folies d’aujourd’hui, on y trouve largement son compte tant la linéarité du moteur n’amène jamais de mauvaises surprises. Par contre, si on décroche, c’est qu’on a dépassé ses limites.
La vie à bord d’une Porsche 911 (997) Carrera S (X51)
Guillaume explique qu’on peut parfaitement partir en vacances avec son fils de 3 ans à l’arrière d’une 911. Encore faut-il réussir à accéder aux places arrières pour l’attacher. C’est toujours une sacrée blague que d’avoir deux places dans un coupé sportif. Au moins, on peut y balancer des sacs de voyage en complément du coffre à l’avant de 135 litres.
L’intérieur mélangeant le noir avec le noir ne fait pas dans l’originalité même si, bizarrement, les rangements sont multiples. Avec aussi des porte-gobelets rétractables au-dessus de la boîte à gants. Concernant la commande centrale, c’est la fête des boutons et je n’ai appuyé que sur celui « sport » pour avoir une réponse plus réactive sur l’accélérateur. On pourra toutefois baver sur le logo Porsche de l’écran à défaut de l’utiliser réellement. Sauf à y faire installer un nouveau système avec Android Auto et CarPlay.
La seule chose qui m’ait dérangé, ce sont les bruits dans l’habitacle entre le mobilier et les cuirs. Même si ceux-ci sont très fluctuants en fonction de la température extérieure et du poids des occupants. Puis à vrai dire, quand je conduisais, bien installé dans le siège confortable, je ne les entendais plus du tout. J’étais obnubilé par mon plaisir au volant. Des légers bruits d’air après 110 km/h mais si on monte dans les tours, l’échappement sport prend le relais. D’ailleurs, il faut baisser la fenêtre pour en profiter totalement tant l’insonorisation est bonne.
Le prix et les consommations
Après un déjeuner en famille composé d’un excellent gratin de chou-fleur accompagné de poivrons, d’oignons et de saucisses, nous avons parlé argent pour se dire que cette version de Porsche 911 (997) Carrera S (X51) valait dans les 65 000 € aujourd’hui contre 105 000 € à sa sortie en 2004. Pour les consommations, on tournera en moyenne à 13 l/100 km et on pourra monter à 17 si on tape très fort dedans voire 25/30 l/100 km sur circuit. Cela me semble raisonnable pour la meilleure voiture du monde.
En conclusion
La Porsche 911 est la meilleure voiture du monde car elle est offre une amplitude d’usages complètement incroyable en comparaison des autres sportives. Un confort qui pourrait être digne d’une GT avec des performances (moteur, tenue de route, direction) des plus efficaces. Une voiture sans défaut, c’est donc une réussite absolue. Certes, les quelques bruits de mobilier ou de cuir peuvent rappeler que les finitions ne sont pas des plus premiums mais le plaisir à son volant permet de les oublier totalement. En résumé, c’est une voiture rêvée dont même une déclinaison moins puissante/rare/spécifique pourrait me charmer pour la vie.
Toutes les photos de la Porsche 911 (997) Carrera S (X51)
Les belles photos sont de @LeStagiaire lors de précédentes rencontres. Les +/- ainsi que les notes sont à retrouver à la suite de cette galerie.
+ Le rêve éveillé.
+ L’adaptation folle.
+ Tout est parfait.
- Bruit de mobilier/cuir.
- Aérokit GT3.
- Donne trop envie d’une 911.