Review

Essai Lotus Elise 111S S1 – tout simplement la meilleure voiture du mondeEnviron 12 minutes de lecture

by 14 septembre 2023
Résumé
Marque et modèle

Lotus Elise S1 111S

Prix de base

Prix neuf en 1997 : 173.000 francs. Cote actuelle : 20 à 25 000 euros.

Prix du modèle essayé

Prix neuf en 1997 : 236 000 francs. Cote actuelle : 25 à 30 000 euros

Moteur

4 cylindres en ligne 16 soupapes, 1796 cm3

Carburant

Essence

Puissance

145 chevaux

Couple

174 Nm

Boîte de vitesse

Manuelle à 5 rapports

Transmission

Propulsion

0 à 100 kmm/h

5,9 secondes

Vitesse max

214 km/h (ça doit décoiffer)

Longueur

3,726 mètres

Largeur

1,701 mètre

Hauteur

1,202 mètre

Empattement

2,300 mètres

Poids

730 selon les syndicats, 770 selon la police

Réservoir

40 litres

Km parcourus

Pas assez

Conso moyenne constatée

7 à 12 litres suivant le rythme

CO2

174 g/km

Puissance fiscale

9 CV

Vous vous souvenez de ce que vous faisiez le samedi 23 septembre 1995 ? Moi, j’avais environ 10 ans 1/2 et comme tous les samedis autour du 20-25ème jour du mois mon papa déposait nonchalamment « Sport Auto » sur la table du salon. Je me suis donc précipité, comme d’habitude, pour le lire et là j’ai eu une révélation. Au détour d’une page, j’ai vu la photo du communiqué de presse de la plus belle voiture du monde : la Lotus Elise S1. Quelques années plus tard celle-ci sera encore améliorée. Ce sera donc la Lotus Elise 111S S1.

Je mentirais si je disais que je me souviens du descriptif, mais l’essentiel devait évidemment y être résumé : environ 700 kg, châssis en aluminium collé, moteur Rover K 1.8 de MGF de 120 chevaux.

Je pense que c’est ce jour là que j’ai décidé qu’un jour j’aurai une Lotus Elise S1.

Chronologie de la meilleure voiture du monde, la Lotus Elise

La première mouture de la Lotus Elise, code interne 111, la S1, a donc été présentée au Salon de Francfort. Elle a été commercialisée durant environ 5 ans (de 1996 à 2001) avant d’être remplacée par la S2, au look plus agressif. Celle-ci s’est vendue de 2001 à 2010 avant d’être remplacée par la S3, ultime version de la Lotus Elise dont les derniers exemplaires sont sortis des chaînes d’assemblage en 2021.

Vous en connaissez beaucoup des voitures dont la base technique reste exactement la même pendant plus de 25 ans en étant toujours louée pour ses qualités ? Non. La Lotus Elise est donc la meilleure voiture du monde.

La Lotus Elise a été conçue et développée par une poignée de passionnés en un temps record. Moins de deux ans se sont en effet écoulés entre la mise en place de l’équipe autour de David Rackham (en charge du châssis) et de Julian Thomson (en charge du design). Moins de deux ans pour créer une œuvre d’art dont le design, plus de 28 ans après n’a pas vieilli. Le coup de crayon est d’ailleurs tellement toujours actuel qu’il a à peine eu besoin d’être modernisé pour la nouvelle Nyobolt EV dessinée par Julian Thomson. Une voiture toujours dans le coup stylistiquement près de 30 ans après sa sortie ne peut qu’être la meilleure voiture du monde.

La Lotus Elise a d’ailleurs sauvé Lotus de la faillite (un évènement fréquent dans la vie du constructeur). Vous en connaissez beaucoup des voitures qui sauvent des marques mythiques ? Non. La Lotus Elise est donc la meilleure voiture du monde.

Dernière preuve que la Lotus Elise S1 est la meilleure voiture du monde ? Gordon Murray (le génial concepteur de la McLaren F1) en possède une et l’a prise comme référence pour la mise au point de la GMA T50. Excusez du peu. Il se murmure également que c’était le cas pour la nouvelle Alpine A110 louée pour son comportement. Pas un hasard.

Chronologie de la meilleure version de la meilleure voiture du monde, la Lotus Elise 111S

Présentée en version 120 chevaux en 1995, la Lotus Elise s’est tellement bien vendue que les dirigeants de Lotus ont attendu longtemps avant de la faire évoluer.

En 1998, ils ont proposé une version « Sport 135 » basée sur la version 120 chevaux. Vendue d’abord sous forme de kit, puis faisant l’objet d’une petite série, elle semble avoir été vendue à 85 exemplaires environ.

En 1999, au salon de Genève, le Graal est présenté. La version 111S. Tout est dans le nom : c’est la version sport (S) du châssis 111. Les principales évolutions sont les suivantes :

  • boîte courte spécifiquement développée chez Lotus,
  • moteur VVC de la MGF et de la Rover 200 Vi Sprint développant 143 bhp (ou 145 chevaux DIN),
  • ailes arrières élargies,
  • jantes 6 branches fabriquées par OZ avec des pneus plus larges à l’arrière (225/45/16 au lieu de 205/50/16),
  • disques de freins ventilés et percés,
  • grille de calandre dite « coupe-frites » et longues-portées de série,
  • sièges plus confortables (ahahah).

En 2000-2001, l’Elise S1, pour sa tournée d’adieu, fait l’objet d’une série spéciale Sport 160. Sur la base du moteur 120, les ingénieurs sortent 160 chevaux (homologation UK) ou 150 chevaux (homologation Europe). Jantes et sièges spécifiques, c’est la version ultime de la S1 (hors Sport 190),et hors Lotus 340R qui est un délire absolument dingue sur base de Lotus Elise S1), mais elle ne bénéficie pas de la boîte courte de la 111S.

Dans les entrailles de la meilleure voiture du monde

Le châssis de la Lotus Elise est incroyable. Il a bénéficié pour sa mise au point du savoir-faire des meilleurs ingénieurs du monde. Il est donc toujours à la page près de 30 ans plus tard. Plusieurs raisons à cela.

Tout d’abord, resituons nous en 1995-1996. 6 mois avant la présentation de l’Elise, Renault a présenté le Renault Sport Spider. Beaucoup plus exclusif (produit au total à 1 726 exemplaires), infiniment plus radical (pas de ventilation, pas de vitres, pas de pare-brise) et bénéficiant également d’un châssis en aluminium, il devrait être logiquement plus léger et performant. Que nenni ! Malgré ses 150 chevaux, du fait de ses 930 kg, il se fait balader par une Elise de 120 chevaux. Le génie des ingénieurs Lotus est d’avoir décidé de coller plutôt que de souder les différentes parties du châssis, offrant ainsi un maximum de rigidité pour un minimum de poids à leur création.

Le châssis baignoire de l’Elise S1 comporte cependant un infime défaut. Compte tenu de la largeur des pontons il est assez délicat de monter (ou plutôt de descendre) à bord. Retravailler les pontons aurait coûté 20 kilogrammes selon David Rackham, il n’a donc pas voulu faire cette concession. Cela sera modifié sur la S2.

Le moteur et les performances de la meilleure voiture du monde

Avant que le groupe Rover MG ne soit cédé par BMW puis fasse rapidement faillite et ne force Lotus à changer de fournisseur en 2004, Lotus se fournissait en moteurs auprès de Rover.

Plusieurs raisons à cela :

  • le coût raisonnable des moteurs (Rover était bien content de rentrer un peu de cash),
  • la préférence nationale du management de Lotus,
  • le poids très raisonnable des moteurs Rover K (la S2 a pris 80 kg quand elle est passée du moteur Rover au moteur Toyota),
  • la facilité à les préparer (jusqu’à 190 chevaux dans les 340R, Exige et Elise Sport 190).

Ce moteur n’est bien évidemment pas parfait. Ainsi, si dans l’Elise 111S il fournit tout de même 145 chevaux et 174 Nm (soit +25 chevaux par rapport à la version de base), sa sonorité est vraiment quelconque et les propriétaires soulignent sa fiabilité aléatoire et la fréquence élevée du changement des courroies de distribution (il y en a 2 sur la 111S qui dispose d’une distribution variable).

Malgré sa puissance modeste, les performances de l’Elise 111S S1 sont très bonnes. Le 0 à 100 km/h est parcouru en 5,9 secondes et le kilomètre départ arrêté en 26,8. La différence par rapport à la MG F équipée du même moteur est notable : 2,8 et 3,1 secondes de moins pour la Lotus : LIGHT IS RIGHT on vous dit. Aujourd’hui, à l’heure où une Tesla peut dépasser 1 000 chevaux et où la moindre 911 fait presque 400 chevaux cela ne parait pas incroyable, mais à la fin des années 90, parcourir le km départ arrêté en moins de 27 secondes, c’était une sacrée performance. Ainsi, l’Elise 111S S1 a des performances équivalentes à une Honda S2000, une Boxster S de son époque et même à une Mazda MX-5 ND de 184 chevaux des années 2020.

Vie à bord de la Lotus Elise 111S S1

Ce paragraphe pourrait être aussi peu fourni que l’intérieur de la voiture. Ou bien s’intituler « Survie à bord de la Lotus Elise 111S ». Mais bon, je suis avocat…

Lorsque l’on s’installe au volant de l’Elise, on dispose de tout à portée de main. Enfin de tout ce qui est essentiel pour conduire. Ou plutôt piloter. Il n’y a donc pas de surperflu. Un volant, trois pédales, des commodos de Peugeot pour allumer les feux et les warnings, un frein à main et c’est tout. Ou presque car la mienne est « toutes options ». Elle bénéficie donc de sièges plus « confortables » (de série sur la 111S), de l’installation radio, du repose-pied en alu côté passager et surtout du magnifique Hard-Top. Ce dernier est une option très recherchée aujourd’hui mais, soyons francs, ne sert à rien. En effet, il fait caisse de résonance à partir de 100 km/h et accentue la difficulté pour monter à bord. En revanche j’adore la ligne qu’il donne à l’Elise. Il est donc absolument indispensable.

Quelques détails me font beaucoup sourire à chaque fois que je m’assois dans la voiture. Ils témoignent, le plus souvent, de la traque du poids menée par les ingénieurs d’Hethel. Les manivelles de lève-vitre en aluminium sont ajourées, tout comme le repose-pied passager. De même, un seul essuie-glace, fort peu efficace d’ailleurs) a été installé. En revanche, on trouve sur les pontons en aluminium de la voiture, des recouvre-pontons en cuir absolument inutiles.

Enfin, le coffre est à la fois exigu, difficile d’accès et réchauffé par le moteur. Pour partir en week-end en Elise, il faut donc emporter au maximum trois petits sacs de sport. Deux rentreront difficilement et le troisième trouvera donc sa place aux pieds du passager.

Au volant de la meilleure voiture du monde – le confort

Commençons par ce qui est le plus saisissant : son confort de suspension. Aussi incroyable que cela puisse paraitre, comme souvent chez Lotus, l’Elise est réglée avec des suspensions très souples. C’est l’avantage de concevoir des voitures légères : vous n’êtes pas obligés de durcir les suspensions pour qu’elles tiennent la route. Les ralentisseurs et autres nids-de-poule sont donc avalés sans encombre. Pour ne rien gâcher, la hauteur de caisse de la voiture de 16 centimètres est importante et permet d’être serein en toute circonstance. A titre de comparaison celles d’une Honda S2000 ou d’une Z3 2.8, des roadsters contemporains de l’Elise S1, étaient de 13 centimètres, une Swift Sport n’étant aujourd’hui de son côté qu’à 12 centimètres du sol. Un SUV cette Lotus !

Le confort des sièges est en revanche très relatif et on comprend pourquoi beaucoup les font refaire chez MP-Sellerie. Au bout d’une heure on a à la fois mal aux fesses et au dos, on en vient même à se demander comment ces sièges pouvaient être les plus confortables disponibles à l’époque.

Enfin, nous ne parlerons pas de l’inconfort auditif. L’absence d’insonorisant est criante dès que l’on dépasse les 60 km/h et aucune conversation n’est possible avec son passager au-dessus de 110 km/h. Le premier (long) trajet effectué en Lotus Elise entre Saint-Malo et Paris intégralement par l’autoroute a donc été auditivement éprouvant. En revanche la première balade en vallée de Chevreuse a été fantastique. Et que dire de mon premier tour dans l’arrière-pays varois ? Il a été incroyable.

Au volant de la meilleure voiture du monde – une tenue de route exceptionnelle

L’Elise est la plus belle voiture du monde. Je suis capable de descendre dans mon garage simplement pour regarder sa ligne et repartir sans même l’avoir démarrée. Mais bon la beauté a quelque chose de subjectif…

Ce qui n’est pas subjectif, en revanche, c’est le fait que 100 % des journalistes ayant essayé cette voiture l’ont trouvée incroyable à conduire.

Il suffit d’un virage pour comprendre la magie de cette voiture. Cette voiture est parfaite. La direction est à la fois légère, informative et incisive. C’est simple, on a l’impression d’être assis directement sur le train avant. On dirige la voiture avec une telle précision qu’elle arrive à nous faire croire que l’on est un bon pilote. Il suffit juste de jeter son regard au loin et la voiture y va plus vite qu’on ne peut l’imaginer. En se concentrant seulement sur les passages de vitesse (le rétrogradage 3-2 et le passage 4-5 n’est pas encore naturel pour moi de la main gauche), on peut avaler les kilomètres pendant des heures sans même s’en rendre compte.

Peut-être qu’une bombinette actuelle comme la Suzuki Swift Sport ou qu’un roadster survitaminé sera plus efficace. C’est même très probable. Mais je mets au défi quiconque d’avancer qu’il a autant l’impression de faire corps avec sa voiture que dans une Elise 111S.

Au volant de la meilleure voiture du monde – quid en dehors des petites routes ?

J’ai acheté ma Lotus Elise 111S a un couple d’anglais à la retraite, ceux-ci ayant acheté la voiture neuve en 1999 pour que Madame puisse allait faire ses courses dans Londres à l’époque. Si j’adore cette voiture, je ne comprendrai jamais comment une telle motivation d’achat a pu naître…

En effet, si la voiture est confortable en suspension, aucun élément de confort n’est présent à bord. Par ailleurs, la distance radiateurs / moteur amène celui-ci à monter en température rapidement tandis que la proximité du moteur avec l’habitacle réchauffe vite l’ambiance. Bref, ce n’est pas une voiture de ville.

Sur autoroute, je ne dirai rien. J’aime trop cette voiture pour dire qu’elle n’est pas faite pour cela. Mais alors pas du tout. Direction trop directe, insonorisation inexistante, chaleur…

La Lotus Elise 111S – une voiture économique

Je vous ai déjà dit que « light is right ?

Pour la consommation, cela se vérifie une fois de plus. Quand on la conduit coude à la portière il est presque impossible de dépasser les 7 litres aux 100 km (en dehors de la ville) et quand vous vous prenez pour un pilote course comme Soheil Ayari, vous ne montez guère au-dessus de 12 litres aux 100 km.

Mais ce qui est plus surprenant c’est que toutes les dépenses sont à la fois minimes sur cette voiture et interviennent très rarement. Les pneus ? Elle en consomme très peu et le changement des 4 m’a coûté moins de 400 euros il y a un an. Les plaquettes ? La voiture a 40 000 kilomètres (pardon : 25 000 miles) et n’a toujours pas fini son premier jeu. Au final il faut changer la courroie de distribution (enfin les pour la 111S) tous les 5 ans et faire vraiment attention à la géométrie. En somme c’est une voiture impossible à suivre sur petite route par 99 % du parc automobile qui coûte moins cher à entretenir que 99 % des sportives. Light is definitely right.

A l’achat, les prix (qui montent régulièrement depuis 5 ans) restent accessibles. Une S1 de base (120 chevaux) se trouvera en RHD à partir de 20 000 euros et 23 000 euros avec un kilométrage raisonnable et un historique clair. Rajoutez environ 4 000 euros pour une conduite à gauche et encore 4 000 euros pour une 111S. Enfin, une très désirable et rarissime Sport 160 ne se trouvera pas à moins de 30 000 euros en conduite à droite.

Conclusion – est-ce que la Lotus Elise 111S S1 est vraiment la meilleure voiture du monde ?

Oui.

Car c’est la mienne et c’est la réalisation de mon rêve de gamin. Dans un monde parfait elle serait sûrement un peu différente : ce serait une Sport 160 disposant de la boîte courte de la 111S, arborant une peinture British racing green et dans laquelle l’intérieur aurait été entièrement refait en cuir marron. Par ailleurs, dès que j’aurai le temps et le budget nécessaires je la convertirai moi-même en conduite à gauche. Pourquoi moi-même ? L’opération n’est pas réputée comme étant extrêmement complexe et j’ai envie de mettre littéralement le nez dans ma voiture.

Mais sans aucun doute, cette voiture n’est pas parfaite. Elle est même très loin de la perfection. Mais quand je me glisse derrière son volant et que je vois cette sortie d’air dans le capot avant qui me fait penser à une Ford GT40 je me dis que que j’ai eu raison de l’acheter. Et pour un budget de moins de 25 000 euros et des coûts d’entretien très raisonnables, je ne pense pas que beaucoup de voitures pourront vous offrir autant de sensations et de plaisir, le tout avec une relative polyvalence.

Et quand j’aborde le premier virage je sais que j’ai raison. Cette voiture est bien la meilleure du monde.

On aime

+ Ligne magnifique.
+ Comportement hors du commun.
+ Rapport prix-sensation.
+ Plus polyvalente qu'une moto.
+ Coût d'utilisation.
+ Performances.
+ Confort de suspension.

On aime moins

- J'ai beau chercher, je ne vois pas. Le confort auditif et la taille du coffre à la limite...

L'avis de l'équipe Hoonited
La note de l'équipe Hoonited
La note du public
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Couleur
10
8.5
Extérieur
10
9.8
Jantes
10
9.8
Intérieur
10
10
Performances
10
10
Consommation
10
10
Châssis
10
10
Prix
10
10
Assumerais-je de rouler avec ça ?
10
10
10
La note de l'équipe Hoonited
9.8
La note du public
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Olivier Gauthier