Review

Essai Leapmotor T03 : la Spring breakeuseEnviron 12 minutes de lecture

by 30 juin 2023
Résumé
Marque et modèle

Leapmotor T03

Prix de base

25 990 euros

Prix du modèle essayé

25 990 euros

Moteur

Électrique synchrone a aimant permanent

Carburant

Électricité

Puissance

109 ch ou 80kW

Couple

158 Nm

Boîte de vitesse

Automatique à un rapport

Transmission

traction

0 à 100 kmm/h

12 secondes

Vitesse max

130 km/h

Longueur

3 620 mm

Largeur

1 652 mm

Hauteur

1 577 mm

Empattement

2 400 mm

Poids

1 203 kg avec le plein et autant à vide

Réservoir

41,3 kWh

Km parcourus

400 km environ

Conso moyenne constatée

18 kWh / 100 km

CO2

0 à l'utilisation

Puissance fiscale

4 CV

La Dacia Spring n’est plus seule sur le créneau des voitures électriques ne nécessitant pas la vente d’un organe pour être acquises. Leapmotor vient en force, avec une T03 qui pourrait littéralement exploser la roumaine, si elle n’importait pas quelques défauts pénalisants avec elle. Et si le gouvernement n’avait pas pondu une sorte de globi-boulga administratif, afin de mettre en place un pseudo protectionnisme intenable. Ce qui fait beaucoup de conditions pour casser le string de Dacia.

La Dacia Spring vole en tête de ventes de voiture électriques en France. Normal, puisqu’elle est vendue 20 900 euros, une fois les 5 000 balles du contribuable généreusement versés dans la poche du constructeur. En face il n’y avait rien. Jusqu’à maintenant. Leapmotor est un constructeur automobile chinois et la T03 est sa petite citadine pour les gens qui n’ont pas un rond, mais qui ne peuvent plus utiliser leur Clio DCI, puisqu’ils sont respectueux de l’environnement des contraintes imposées par l’Europe. Elle pourrait être top, mais quelques défauts de jeunesse viennent froisser une toile pourtant pas déconnante.

Préquel : comment l’Europe a ouvert un boulevard à la Chine

Avant d’évoquer la Leapmotor T03, il faut revenir un chouya en arrière.

Vingt cinq mille neuf cent quatre vingt dix euros. Pour cette somme, en 2019, on repartait en Seat Ibiza 1,5 TSI 150 finition FR avec la peinture rouge métallisée et toutes les options. Quatre années plus tard (soit aujourd’hui, oui), l’Europe force le passage à l’électrique, pensant que pour sauver la planète, il vaut mieux remplacer une voiture par une autre voiture, plutôt que de la remplacer tout court. Mais on ne va pas demander à Bruxelles de ne pas être dans les choux lors des prises de décisions. Donc on se retrouve avec des constructeurs incapables de sortir des voitures électriques à un prix abordable, dans la mesure où ils fabriquent des caisses thermiques depuis parfois plus d’un siècle. Des voitures qui n’ont absolument rien en commun avec les voitures électriques, jusqu’aux pneus (ou aux jantes, pour une Tesla).

C’est ainsi que, pour le prix d’une Ibiza en 2019, on repart avec une Dacia Spring en 2023. Une voiture électrique déjà essayée par @LePatron sur Hoonited. Et en face, personne. Rien. Nada. Queuchi. Oualou. Et ce, malgré les 5 000 euros de la poches des fans de bagnoles sportives bonus écologique.

Jusqu’à aujourd’hui. Car pour ce prix, on a une Leapmotor T03. Le combat fratricide peut commencer.

J’entends Ernesto dans l’oreillette qui me dit que Dacia c’est roumain. Et que la Roumanie n’est pas en Chine. Certes Ernesto, mais la Spring est produite en Chine. Et la Leapmotor T03 n’est pas fabriquée très loin de sa rivale. Donc c’est fratricide. Ou sœuricide ? Ça sonne bien sœuricide. Je vais le garder pour Twitter. Et ta gueule Ernesto !

Une voiture de tourisme en touriste

Le dessin de la Leapmotor T03 semble être le résultat d’une soirée trop arrosée de cocktails 15W40-Ethanol entre une Fiat 500 et une Smart Forfour.

La face avant est d’ailleurs très inspirée de la Smart. L’arrière est différent sans se différencier. La ligne générale nous paraît familière. Le résultat fait sourire et plaît.

On m’a interpelé dans la rue, aux bornes de recharges. Amis comme famille ont aimé le style de petit bonbon rose et mon fils adorant le rose, on a validé. Logique, les codes stylistiques sont connus. Ça rassure. C’est rond, mignon. C’est comme Léa, c’est doux.

La ceinture de caisse est haute, mais les sièges sont assez élevés. Les enfants peuvent voir la route et ainsi compter, puis insulter les gens qui roulent en voiture thermique. Nous y reviendrons.

Avec 3,62 m de long, la Leapmotor T03 mesure 11 cm de moins que la Dacia Spring. La largeur de 1,62 m permet de loger 2 sièges auto à l’arrière qui nécessitent tout de même d’avancer le siège du poste de conduite. Vendue comme une 4 places, la T03 offre donc réellement 4 places. Bons calculs Kevin-Zhang Wei (Zhang Wei étant le prénom le plus répandu en Chine, vous pouvez comprendre la blague).

Côté hauteur, les 1,58 mètres permettent d’accueillir les grands de ce monde. À l’arrière, on a plus de hauteur de toit que dans un SUV coupé.

L’empattement est court (2,40 m), les porte-à-faux quasi inexistants, le toit haut : c’est la recette idéale d’une voiture adaptée à la ville. Et devinez quoi ? Elle est parfaitement adaptée à la ville.

Les feux LED sont cools, la couleur rose bonbon peau de cochon est cool, le nom T03 est claqué, le nom de la marque, Leapmotor, qui ne signifie pas « les lèvres du moteur » (blague volée à @julien-zlata notre Père Castor) sonne comme une marque de voiture électrique et c’est cool aussi.

Un intérieur plutôt flatteur mais buggué

Si aux États-Unis, ils ont l’East Coast et la West Coast, en France et surtout depuis l’inflation, on a le Low Cost. Généralement, pas cher signifie qualité pourrie. Bien pas cette fois. Si la finition de certains éléments est proche du DIY, comme l’aspect scotch sur les contours de vitres et les jeux au niveau de l’assemblages de certaines parties qui rappellent les premières Tesla (vendues 8 fois plus cher, c’est cadeau), l’intérieur a été travaillé pour offrir non seulement quelque chose d’agréable à l’œil, mais également au toucher. Notamment le volant, truc qu’on a dans les mains quand on conduit (sans les aides. Parce qu’avec les aides, les conducteurs et conductrices ont autre chose dans les mains).

Les boutons répondent bien et la présentation jouant sur les textures de plastiques réussit à séduire. C’est cool, parce que le système multimédia est aux fraises. Outre l’écran illisible en plein soleil à cause des reflets, l’interface utilisateur hyper mal pensée, peu intuitive et parfois mal traduite, il n’y a ni Android Auto, ni Apple Car play.

Au mieux, on projette l’écran du smartphone sur celui de la T03. C’est l’un de premiers soucis rencontrés. J’aimerais dire que ce n’est pas grave, mais comme tout est contrôlée depuis l’écran… Ça me rappelle mon Poco F3 Pro. Sur le papier c’est génial, à l’usage c’est moins ouf.

De l’Espace à bord comme dirait Renault

L’espace à bord est franchement excellent. On remercie la plate-forme électrique et la structure skateboard (batterie sous le plancher, roues excentrées, moteurs avancé). Pour vous aider, voici une image en 3D à voir sans lunettes.

D’ailleurs, on a remplacé les sièges auto par des humains. On a ainsi pu caser à l’arrière un stagiaire et Olivier (un de nos lecteurs qui partage son métier de routier sur son compte Twitter) soit un cumul de 200 kg facile. À l’avant @novichok et @Pomdepi. Et malgré le surplus de 400 kg, la T03 n’a pas eu la moindre peine à accélérer et rouler et on était bien installé. Ce n’était pas une Classe S, mais pour une caisse d’un format Twingo, c’était franchement malin.

Le coffre est assez petit. Il n’a pas de plage arrière : c’est la lunette arrière, inclinée, qui s’appuie sur le haut de la banquette. On peut y jeter les câbles de recharge sans vergogne.

Point de place pour y loger beaucoup de courses. Le meilleur moyen de perdre du poids au final.

Une ventilation capricieuse

Régler la température a été une gageure. Pas seulement pour moi, Stagiaire, mais également pour @novichok. Il n’y a pas de température à régler d’ailleurs, mais un curseur à faire bouger à droite, vers rouge, pour le chaud et à gauche, vers le bleu, pour le froid. Comme en politique ?


Or, il y a deux modes de ventilation qui dépendent d’une pompe à chaleur d’après la fiche technique. Le mode clim (ou A/C) qui, s’il est activé, délivrera du froid, même si le curseur de température est sur le chaud. En-dessous, la PTC (qui définit une thermistance, résistance dont la valeur augmente avec la température, mais appelé pompe à chaleur), n’offre que du chaud, même en réglant le curseur à l’extrémité bleue.

Le souci a été remonté au constructeur. Je suis donc assez dubitatif sur la « pompe à chaleur » qui est théoriquement l’équipement de gestion de la température à bord et je me demande pourquoi, alors que tout le hardware le permet, il n’y a pas de clim automatique.

Résultat, le froid est trop froid, le chaud est trop chaud. Ça m’a directement fait penser à l’épisode de Futurama dans lequel Fry, passager de la voiture électrique d’Amy, active la clim pour se rafraichir, puis, à cause du froid, met le chauffage, ce qui flingue l’autonomie. Je me sens seul sur cette anecdote alors passons, même si Futurama est la meilleur série SF du monde avec Rick et Morty. Tout ça pour dire qu’une mise à jour du système de clim est indispensable, parce que pour moi, c’est un dealbreaker, comme le dise les amateurs d’armes à feu.

Le reste de l’interface est du même acabit : c’est sans logique, bugué, avec des petites erreurs de traductions. On finit par s’y faire. On se fait à tout. Ou presque.

Une conduite très artificielle

On poursuit avec la conduite et on attaque directement avec la direction. Elle est électrique à assistance variable. Rien de nouveau côté technologie, l’assistance électrique rend le maniement à l’arrêt facile. Puis, plus vous roulez vite, plus elle se durcit (la direction). Normalement, le passage de mou à raide est progressif. Ici, c’est ON/OFF. Il y a 3 modes de conduite. Le mode confort a un effet un chouya moins prononcé quand le mode sport rigidifie très rapidement le volant. Ça ne change pas grand chose en réalité, c’est juste surprenant. Ce n’est pas un dreamcatcher comme le disent les briseurs de rêves.

À cela s’ajoute un régulateur de vitesse, non adaptatif (on parle de low cost, faut pas pousser). On a toutefois une caméra de recul de qualité, parfaitement visible de nuit et ça, c’est chouette.

Côté suspension, c’est raide (oui encore). Du MacPherson à l’avant, ça passe. Mais de la barre de torsion à l’arrière, ça passe moins.

On en arrive au second point problématique et non des moindre : les pneus. On peut les comparer à des roues de jouets Kinder. Ils offrent une adhérence de savonnette en plus d’être bruyant. Et quand je parle de savonnette, je ne fais pas qu’évoquer pas le jouet préféré du @Patron. L’ESP s’enclenche systématiquement ! Evidemment, cela déclenche un bip de sécurité, façon pour la Leapmotor T03 de me dire d’arrêter de conduire comme un idiot. Alors que j’ai simplement pris un virage à 30 km/h. Donc si vous optez pour cette T03, par pitié, changez ces roues en plastique.

On termine par le freinage. Il est suffisamment puissant, mais il manque de progressivité. Ce qui, associé aux pneus en plastique, sollicite trop souvent l’ABS et il est préférable d’avoir une bonne technologie pour freiner une caisse, avant de s’en remettre à la spiritualité.

Recharge et autonomie

Vingt kilowatts de puissance de manière linéaire. C’est top et ça donne la charge complète en 1h. Donc pour un 20-80 %, il faudra attendre… 48 minutes. Et oui, si la charge n’est pas la plus rapide du tiroir, elle a le mérite d’être d’une constance remarquable. Quant aux 20 kW, je les ai obtenu sur deux bornes de charge rapide, dont une de 150 kW.

L’autonomie est assez folle. C’est sont grand point fort. En hiver (oui j’ai mis beaucoup de temps à terminer l’essai), malgré les passagers réguliers, elle n’est jamais descendu sous les 200 km.

La Chine sait faire des batteries efficaces. Qui plus est, le système gère très bien l’énergie. Amen !

Vert Dictateur (le dictat de l’écologie et comment la Leapmotor T03 y remédie)

J’ai à la fois aimé sa face avant de cochon qui donne envie de crier « Ha le ouf ! » (blague volée au @Patron) et l’intérieur. Si on ajoute son autonomie et son habitabilité, on a une voiture qui paraît parfaite. Surtout que l’insonorisation est bonne (pour la gamme). Puis on a un toit semi panoramique et ça, c’est un Deal Lover.

Mais il y a beaucoup de points critiques à corriger. Les traductions imparfaites, l’interface qui n’a aucun sens, les pneus pas à la hauteur et qui sollicitent ABS et ESP en permanence et la climatisation impossible à régler sont autant de dealbreakers qui ne jouent pas leur rôle.

Notre contact qui nous a carjacké prêté l’auto a remonté ces critiques au constructeur, qui devrait (conditionnel) corriger cela (6 mois après ce n’est pas encore fait).

Cependant… Notre Président a lancé une mesure de protectionnisme, comme seuls les pays libéraux savent mal le faire, qui, si elle passe, exemptera la petite voiture cochon des 5 000 euros de bonus (montant en juin 2023). À 5 000 balles de plus, ce n’est plus le même Pulco et la T03 n’aurait plus beaucoup de chance (si ce n’est aucune) de se vendre. Est-ce que ça motivera le constructeur à continuer l’aventure ? D’autant qu’à cette mesure étrange s’ajoute la chute de Aiways qui ne va pas faire les affaires des constructeurs chinois se lançant dans l’aventure, au risque de se retrouver avec une caisse qu’on peinera à réparer et qui finira à la poubelle.

Tout ceci mis bout à bout, on en arrive à deux manière d’aborder l’engin :

1) Croire en la marque, faire confiance au constructeur et essuyer les plâtres des quelques problèmes rencontrés. Mais rouler différent et avoir un engin plus sympa qu’une Spring.

2) Jouer la sécurité et miser sur la Spring, certes moins sexy, moins équipée, moins agréable à conduire, mais connue et distribuée par l’une des marques les plus vendues en Europe.

De mon côté, je ne suis pas du tout prêt à investir 20 k€ dans une marque naissante. Mais je ne suis surtout absolument pas enclin à débourser une telle somme pour un engin aussi bas de gamme (et cela vaut pour la Spring) sous prétexte que ledit engin est électrique.

Toutefois, compte tenue des faibles propositions automobiles sur cette tranche de prix, pour qui souhaite une bagnole électrique différente d’une Spring, dans le neuf, cette Leapmotor T03 est la seule proposition.

Note : j’ai essayé cette voiture il y a presque 6 mois. Entre temps, j’ai déjà publié un essai sur un autre média, branché tech, avec une ligne édito cool, mais tech. Ici la ligne édito est WTF et bagnole. Ce délai a été utile. Car à la restitution, j’avais découvert la C11 de Leapmotor. Un Break Surélevé sauce Formentor avec un prolongateur d’autonomie. Depuis rien. Je ne doute pas du potentiel de Leapmotor, mais de son marché en France. Présentement. Alors qu’on galère pour bouffer pendant que l’automobile est devenue un luxe, au ticket d’entrée à 20k€.

On aime

Design amusant et attachant.
Finition perçue.
Intérieur réussi.
Espace à bord.
Toit panoramique.
Puissance.
Puissance de charge régulière.
Autonomie de 200 km.

On aime moins

Marque naissante inconnue.
Climatisation non fonctionnelle.
Interface bugguée et mal traduite.
Pneus manquants d'adhérence.
Pas d'Android Auto ni d'Apple CarPlay.

L'avis de l'équipe Hoonited
La note de l'équipe Hoonited
La note du public
Rate Here
Couleur
7.0
7.0
Extérieur
6.0
6.2
Jantes
5.0
6.0
Intérieur
8.0
8.0
Performances
6.0
8.0
Châssis
6.0
8.0
Prix
7.0
5.0
Assumerais-je de rouler avec ça ?
6.0
9.0
6.0
La note de l'équipe Hoonited
7.2
La note du public
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Le Stagiaire
Nourrit à base d'huile de tournesol 15W40 et de chips Vico, le stagiaire n'a pas de nom, parce qu'il ne le mérite pas. Il nettoie les locaux virtuels de Hoonited et entre 2 coups de serpillère virtuelle, il écrit des trucs et taxe des voitures pour les essais.