Comment vendre un BMW Z4 coupé M de 343 ch tout simplementEnviron 5 minutes de lecture

by Novichok30 juin 2021
BMW Z4 coupé M

Dans le premier épisode, il était question de ces potentiels acheteurs qui voulaient connaître le pédigrée du BMW Z4 coupé M sur trois générations. Il était aussi question des doutes pour réussir à le vendre. C’est alors que Thierry entre dans la danse.

La réalité dépasse toujours la fiction. Toujours

Thierry est éleveur de volailles. Il se lève tôt et n’a pas de temps à perdre avec dix milliards d’interrogations. Il m’aborde sur le Bon Coin avec une des demandes classiques : la couleur de l’intérieur ? Noire. Puis évoque immédiatement un rendez-vous avec sa banquière en interrogeant mon dernier prix. Je m’exécute mais je suis troublé. C’est comme rencontrer un amateur de Klein qui parlerait mariage si on lui répond que le bleu est sa couleur favorite. C’est un peu rapide comme préliminaires.

Thierry doit aussi s’en rendre compte car deux jours après ; il s’intéresse aux photos de l’intérieur ainsi qu’aux pneus et aux freins. Tout va bien. Le lendemain, en sortant de l’entretien avec sa conseillère bancaire, il m’expose son business plan car il lui manque 3 000 €. Néanmoins, il me rassure arguant que la vente de son tracteur Fendt lui rapportera 2 000 €. Thierry est lui aussi dans la vente de véhicule atypique.

Toutefois, il tente sa chance et demande si l’achat peut se faire à 1 000 € de moins. Je me dis qu’il faut dire oui, que je vais convaincre Brandon d’accepter cette proposition. Sauf que Brandon ne veut pas descendre de son prix plancher. Il s’est fixé cette limite ; quitte à tout perdre. Enfin, à perdre Thierry. Je ne suis que l’intermédiaire dans toute cette transaction et comme chacun sait : les conseilleurs ne sont pas les payeurs. J’adresse donc un « non » à Thierry qui comprend.

La banque

Quelques jours après, Thierry m’appelle pour m’annoncer l’obtention de son financement et souhaite régler les détails de la vente. Il requestionne l’état de la voiture avec les incontournables coussinets de bielles. Si je pouvais chopper le putain de connard bonhomme qui a été le premier à en parler dans un obscure forum club BMW France… T’as l’impression que les futurs acquéreurs ne peuvent pas s’inquiéter de la courroie de distribution (car c’est une chaîne) donc ils se rabattent sur les coussinets. Je réplique sèchement qu’ils n’ont pas été changés et que le Z4 a été entièrement révisé sans que le garagiste spécialisé le signale.

La semaine suivante, il m’envoie la photo du chèque de banque afin que je puisse interroger l’établissement sur la véracité du titre. Tout roule. Et c’est bien ça le plus inquiétant avec Thierry. Il dit un truc, il le fait. Il le fait simplement et justement. Pour résumer, nous sommes à la veille de vendre une auto de plusieurs dizaines de milliers d’euros à un mec qui ne l’a pas vue. 

Le crépuscule

Je m’occupe des derniers papiers (faut dire que je suis payé pour) tout comme de convoyer les 6 cylindres en ligne au contrôle technique (faut dire que je pourrais payer pour) afin d’être bien en règle. Il fait beau, il fait chaud et la nostalgie gagne. Ce Z4 coupé M de 343 ch a un fabuleux moteur. Même un Audi RS 6, de presque du double de puissance, n’est pas comparable. Ce jouet n’est pas fait pour le quotidien. Il n’est pas fait pour les dos-d’âne et la circulation saturée. Il est fait pour les grands espaces et les routes fermées.

J’envoie une dernière photo de cette beauté ainsi que la vignette du certificat du contrôle technique à Brandon. On sent poindre la fin. Elle est inéluctable. Nous n’avons pas les moyens de lui offrir une vie digne. Ce trottoir, en guise de garage, dans une zone pavillonnaire de classes moyennes a assez duré. Il faut l’accepter. Pour son bien. Et le nôtre. Et pour une dernière fois, un fond de 3ème à 6 500 tours / minute parce qu’on n’est pas que des poètes.

Le grand jour !

Le lendemain matin, c’est le grand jour. Brandon décide de s’occuper personnellement du nettoyage. Il concède que venir de loin avec un chèque de banque dans sa poche justifie largement de briquer vigoureusement la bête. Thierry avait annoncé 10h et il arrive à 10h en Opel Vivaro de 146 ch. Il est accompagné d’un ami et de sa fille adolescente. Le Z n’a même pas fini de sécher qu’il le regarde déjà amouraché. Thierry explique aussitôt qu’il a ce projet d’achat depuis des années. Il le réalise enfin.

Brandon emmène Thierry pour faire un petit tour puis celui-ci prend le volant avec son ado en passager. Les amabilités paraissent sincères. Pourtant, de mon côté, le stress prend le pas. Avec tout cet émoi, je n’en reviens toujours pas. La vente va être officialisée. Tout le monde est comblé. C’est le moment de signer.

Brandon s’autorise un peu d’humour à la cantonade : « si vous ne faites pas de l’élevage biologique, je ne vends pas ! » Et oui, Brandon, malgré le fait d’être propriétaire d’un monstre thermique décimant la couche d’ozone, est un fervent défenseur de l’environnement. Chacun a le droit à ses contradictions. Thierry a cet objectif mais se limite pour l’instant à une production sans médicamentation excessive. On espère qu’il compensera prochainement son empreinte carbone avec des poulets bio.

L’adieu

Ce n’est pas un au revoir mais bien un adieu. C’est terminé de parler de ce Z4 coupé M de 343 ch. La fin d’une relation de huit ans. C’est une excellente affaire pour tous les protagonistes. Brandon fait une plus-value de 9 000 €, Thierry achète une super bagnole à un prix juste ; et je récupère un bon billet qui me permet aussi d’en rédiger plusieurs pour Hoonited. Le début d’une nouvelle histoire.

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