Mode d’emploi : comment ne pas vendre un BMW Z4 Coupé M de 343 chEnviron 4 minutes de lecture

by Novichok11 mai 2021

L’histoire commence en 2013. Mon meilleur ami, Brandon, (le prénom a été modifié pour respecter son anonymat) s’est rendu aux Pays-Bas pour acheter un magnifique BMW Z4 Coupé M avec son légendaire 6 cylindres en ligne atmosphérique de 343 ch. Pas la peine de rappeler que le BMW Z4 Coupé M n’a été produit qu’à seulement 1 714 exemplaires européens en conduite à gauche car Benzin le fait déjà.

On M le BMW Z4 Coupé

Brandon a le sens de l’amitié donc il me fait conduire son nouveau jouet à son retour en France. Déjà, son physique époustoufle. Je parle du BMW Z4. Plus on le regarde, plus on le trouve beau. Je parle toujours du Z4. Ensuite, on essaye de s’installer et on comprend tout de suite que la position de conduite n’est pas similaire à une Peugeot 207. Il est possible de toucher le sol en étant assis, pour ne pas dire en étant allongé.

Justement, l’allonge, c’est aussi le cas du capot mais surtout du moteur. Celui-ci est en ligne tel un horizon sans fin. Ça monte, ça monte, ça monte dans les tours (pas celles du 13ème) sans discontinuité. Il serait raisonnable de passer le rapport supérieur à un moment. Pour autant, pourquoi le faire ? Cette sensation d’infini est envoûtante. Alors qu’on pense avoir tout donné, le bouton « sport » situé à côté du levier de vitesses apparaît. Forcément, on appuie dessus. La curiosité n’est pas un vilain défaut. Là, c’est simple, c’est exactement comme précédemment mais en plus efficace. La direction est plus précise, la suspension est plus ferme, l’accélérateur est plus réactif. Ce n’est donc pas du tout comme précédemment. C’est une super bagnole.

Brandon se sépare de son BMW Z4

Maintenant que le contexte est posé, il faudrait arriver au sujet de cet article ! La vente de ce monstre. Et oui, car la vie est faite de choix et Brandon décide de construire sa batmaison. Il doit se séparer de sa batmobile. Pour cela, il me missionne. Etant trop occupé par son chantier avec la gestion des ouvriers turcs et kazakhs (on n’est pas ici pour dénoncer l’exploitation des sans-papiers et le travail non-déclaré dans le BTP) et souffrant de phobie administrative (qu’il soigne doucement mais sûrement) ; il m’incombe la totale responsabilité du projet (entretien, restauration, contrôle technique, photos, annonces, rendez-vous, und Konsorten) qui permettra de financer partiellement sa nouvelle propriété. Avec un petit billet au passage pour ma pomme.

Le véhicule n’a roulé que 3 000 km par an durant ces huit années. C’est peu mais c’est cohérent pour ce type de « bagnole loisirs ». La question, ce n’est pas tant le kilométrage mais plutôt les conditions de stockage. Ce ne sont pas celles attendues par un BMiste. Il faut le savoir, le BMiste est un casse-couilles spécialiste. Le BMiste sait tout de suite si le Z4 n’a pas dormi au chaud et si le Z4 n’a pas suffisamment vu de garagiste.

Premier contact

Le premier potentiel acheteur arrive en Audi RS Q3 de 400 ch. Ça règle tout de suite la question de lui laisser conduire ou non le Z4 de 343 ch. Miguel a plusieurs sportives et cherche une nouvelle. Il a le temps, il n’est pas pressé. Il va en visiter deux ou trois dans la semaine, des versions cabriolets majoritairement. La version coupée est bien plus exclusive.

Miguel est chef d’entreprises. Probablement de peinture ou de carrosserie car il repère instantanément la légère différence entre l’aile gauche arrière et le reste de la voiture. Il indique que le tâcheron n’a pas bien travaillé. Celui-ci aurait dû opérer un dégradé avec la portière gauche. Ça commence mal. Il continue. Le moteur n’est pas assez astiqué à son goût tout comme les quadruples sorties d’échappement. Ensuite, il aurait fallu photographier sa tête quand il a découvert les cinq poussières et demie sur le tapis de sol. On va tout de même faire un roulage. Tel un premier rendez-vous galant autour d’un verre, les échanges sont courtois et parfois même encourageants alors que les deux protagonistes savent parfaitement qu’il n’y aura pas de lune de miel.

Deuxième contact

Le deuxième potentiel acheteur arrive en Kia Proceed de 136 ch. Laurent évoque immédiatement sa Lotus Evora S de 350 ch. Il souhaite la remplacer par une marque moins exotique. Il a bien été échaudé d’attendre dix mois pour une pièce à 150 € provenant d’Australie. Ça réglait aussi la question de lui laisser conduire le Z4. Cette fois-ci, le moteur, ainsi que les pots d’échappement, ont été dépoussiérés. Le chiffon ressemblait à une gueule noire.

Néanmoins, ça n’était pas suffisant pour le contenter. Après avoir fait quinze rondes pour détailler tous les aspects cosmétiques, comme il dit ; nous sommes allés rouler. Il s’époustoufle par la puissance linéaire du moteur atmosphérique. Nous gagnons une fameuse route fermée pour pousser à 6 000 tours / minute ; encore loin du rupteur. Même passager, les sensations sont présentes.

Au retour, les choses se compliquent. Laurent aimerait plus de détails sur l’historique de la mécanique. Le souci, c’est qu’il n’y a pas de souci mécanique. Donc quand il parle de Vanos, je pense uniquement à Nadal et non à un filtre qui aurait dû être changé. Il s’inquiète et voudrait faire des tests d’huile. De là à demander une analyse urinaire pour la chlamydia ; il n’y a qu’un pas. Qu’il ne franchira pas. Le lendemain, il m’indique par sms qu’il ne donnera pas suite. Ce n’est pas moi le problème, c’est lui. C’était évident car Laurent affirme que la 996 est la meilleure des 911. Tout est dit.

Le troisième potentiel acheteur aura une voiture briquée comme jamais. Elle sera confiée à des professionnels du nettoyage automobile. En espérant écrire la suite : comment vendre un BMW Z4 Coupé M de 343 ch.

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