Le Suzuki Vitara est-il encore capable de franchissement ?Environ 8 minutes de lecture

Aujourd’hui, je me pose une question existentielle : le Suzuki Vitara actuel est-il encore capable de franchir des obstacles, comme l’ont toujours fait tous les Vitara depuis 1989 ? Ou est-il devenu un simple SUV qui a peur de se salir dans la boue ? Pour ce faire, direction l’Yonne en compagnie de quelques vrais 4×4 dont la réputation n’est plus à faire, comme le Suzuki Jimmy. 

Le Suzuki Vitara en quelques mots

L’actuelle génération du Suzuki Vitara a été lancée en 2015 et elle n’est disponible, comme la quasi totalité de la gamme Suzuki, qu’en hybride. Que ce soit une hybridation légère, comme la Swift, ou une hybridation classique, le mot d’ordre est l’électrification. Ce n’est malheureusement pas encore le cas du Jimny par exemple mais à mon humble avis, ce n’est qu’une question de temps.

La gamme actuelle du Vitara se compose de deux moteurs, le 1.4 l Boosterjet et le 1.5 l Dualjet, tous deux pouvant être accompagnés d’une transmission intégrale AllGrip ou d’une traction. En terme de tarif, le Vitara se situe entre 19 990 € et 26 190 € selon la configuration choisie et honnêtement, pour ce prix vous en avez pour votre argent ! Régulateur de vitesse adaptatif, feux de jour et feux arrière à LED, freinage actif d’urgence ou encore le système de maintien dans la voie, voici entre autres ce à quoi vous aurez droit de série sur votre Vitara. Plus vous montez en gamme, plus l’équipement sera riche. Mais ce ne sera jamais contre un prix exorbitant, jamais !

Notre Vitara à nous est un 1.4 Boosterjet Hybrid AllGrip en finition Style équipé d’une boîte mécanique à 6 rapports, qui embarque la seule option disponible au catalogue à savoir la carrosserie bicolore. Le Bright Red d’origine est ici associé au toit noir et panoramique, associé aux seules jantes en 16 pouces disponibles sur ce niveau de finition. Prix total : 25 990 €. Franchement, qui dit mieux ? Personne !

Parlons un peu fiche technique avant d’envoyer le Vitara dans la boue. Il mesure donc 4 175 mm de long sur 1 775 m de large et 1 610 mm de haut pour un poids total à vide de 1 270 kg. Le moteur essence de 1 373 cm3 de cylindrée, en association avec le petit moteur électrique, développe 129 ch (95 kW) et permet d’expédier le 0 à 100 km/h en 10,2 secondes. La vitesse maximale est limitée à 190 km/h. Le moteur électrique seul développe 10 kw de puissance et 50 Nm de couple mais comme il s’agit d’une micro-hybridation, celui-ci ne peut pas fonctionner seul. Il intervient comme une aide au moteur thermique dans les phases les plus énergivores.

Voilà, on a rapidement parlé de la fiche technique, on peut donc envoyer notre Vitara dans la boue. On y va ?

SUV ou vrai 4×4 ? Un peu des deux

Sans l’essayer, impossible de ranger le Vitara dans une des cases de manière certaine. Bien qu’il soit équipé d’une transmission intégrale AllGrip lui procurant théoriquement du grip supplémentaire quand il y en a besoin, il ressemble comme deux gouttes d’eau à tous ces SUV tant détestés par la communauté de vélotafeurs parisiens.

Et pour nous embrouiller encore plus, le Vitara n’a rien de rustique ou d’inconfortable à l’intérieur. Les sièges sont au contraire très confortables et même chauffants de série. La finition est plutôt top (sauf quelques plastiques durs mais osef, on n’est pas chez Auto Plus ici) et la boîte est d’une souplesse très appréciable. Le toit ouvrant panoramique, de série sur notre finition Style, ajoute une touche finale à l’excellente qualité perçue du modèle. Honnêtement, je suis à ça de dire que l’habitacle du Vitara fait premium mais je ne le ferai pas car vous allez me casser les coui*les.

C’est donc dans un confort absolu, les fesses au chaud et avec mon Spotify lancé sur l’écran tactile de 7 pouces via Apple Car Play (qui fonctionne parfaitement bien, contrairement à d’autres) que je suis Novichok et son Jimny dans l’arrière-pays icaunais.

Le Vitara évolue sur les chemins gras sans la moindre difficulté. Par défaut, seules les roues avant sont motrices mais on peut activer le train arrière via le molette de sélection du mode de conduite. Le mode « Snow » (en référence au fils de Lyanna Stark et Rhaegar Targaryen) permet d’améliorer la motricité sur une route enneigée et c’est une fois ce mode activé que l’on peut en plus verrouiller l’arrière. Une double manip’ pour rendre notre Vitara un full 4×4.

Dès lors, le SUV 4×4 roule partout, enfin presque. Mon modèle d’essai était équipé de pneus standards et n’avait aucune préparation / optimisation pout le tout-terrain. Et pourtant, je n’avais – encore une fois presque – aucun mal à passer dans les chemins les plus impraticables de notre balade de 100 km (un parcours autour de Sens que l’on fait tous les ans avec mes frères et des potes)

Contrairement au Jimny, qui est conçu et revendiqué comme étant avant tout un franchiseur pur et dur, le Vitara ne possède pas de boîte courte. Dans la vie de tous les jours, personne ne l’utiliserait et ça alourdirait aussi bien la bagnole que son prix mais sur des chemins hivernaux accidentés, j’aurais bien voulu l’avoir pour rendre certaines manœuvres plus faciles. On s’est contenté de la boîte d’origine qui a très bien fait le job malgré tout. Notez que sur les 100 km parcourus en mode tout-terrain (roulant principalement en première voire en seconde max), la conso moyenne est montée à 8.8 l / 100 km contre 5.6 l / 100 km constatés sur route normale (90 et 110).

Mais aussi volontaire et polyvalent soit-il, le Vitara trouve assez vite ses limites sur un terrain dédié aux 4×4. À commencer par ses porte-à-faux gigantesques associés à une garde au sol ridicule. Pour parler concrètement, l’angle d’attaque est d’environ 18° (contre 37° pour le Jimny) et celui de fuite de 28° (49° pour le Jimny. Quant à la garde au sol, celle du Vitara se situe à 17,5 cm là où celle du Jimny est à 21 cm (en plus des porte-à-faux réduits). Ces caractéristiques sont suffisantes pour des sorties on va dire en amateur, comme celle que l’on a faite, mais pour le niveau pro il faudra obligatoirement équiper l’auto : rehausser d’au moins 5-6 cm et protéger le soubassement.

Le croisement de ponts en Vitara d’origine est totalement possible. Stressant car on a peur de toucher de partout mais possible. Cette crainte de toucher ou de racler le sol est omniprésente d’ailleurs.

Conclusion

Finalement, est-ce que le Vitara peut être considéré comme un vrai 4×4 ? Oui et non. Tout dépend de votre définition de vrai 4×4 à vrai dire. Dans mon cas et avec mon expérience, le Vitara m’a presque suffi. Deux ou trois fois j’ai dû faire un demi-tour ou contourner un obstacle trop hard par peur d’abîmer l’auto, mais pas par peur de ne pas franchir.

Puis, pour le même prix, vous n’avez pas grand chose d’équivalent chez la concurrence. Une voiture aussi bien équipée, aussi confortable et aussi débrouillarde en off-road pour 25k €, à part le Duster je ne vois pas grand monde. Et encore, le Vitara a absolument tout de série, là où ledit Duster propose les sièges chauffants en option pour 200 euros.

Alors ok, il n’a pas de boîte courte, de châssis échelle ou de débattement de fou comme les « vrais 4×4 » mais il offre une polyvalence très appréciable. Je ne suis pas puriste pour un sou et encore moins un professionnel du franchissement hardcore, je trouve que le Vitara est un excellent compromis entre « véhicule confortable du quotidien » et « véhicule de loisirs hors des sentiers battus ».

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