Tesla Owner Club : immersion dans la secte TeslaEnviron 11 minutes de lecture

by Le Stagiaire6 novembre 2023

Anas m’a demandé si j’étais chaud pour découvrir sa secte de Tesla Users appelée Tesla Owner Club. Dans la vie, il faut vivre des expériences, plutôt que de se contenter de voir les autres le faire. C’est ainsi que j’ai mangé un pain chocolat, embarqué dans un vaisseau spatial et pu conduire la nouvelle Tesla Model 3 Améliorée (et non Highland). Tout une histoire qui a abouti à l’achat… d’une Tesla. True S(t)orry.

Nous sommes un samedi matin, il est 7h45. Je me prépare pour vivre une expérience humaine exceptionnelle : un reportage en immersion au cœur de la secte automobile la plus « nocive » du monde, si l’on en croit les internets. Pourtant, c’est Anas (un ami de l’équipe Hoonited), qui m’y a convié et Anas (merci <3), il est plus cool que Fonzie. Il n’est pas le seul proprio d’une Tesla cool. Mais Tesla s’offre une image particulière et il fallait que j’en aie le cœur net.

En direction du Club d’Or aux Tesla

C’est dans la Tesla Model 3 propulsion rouge d’Anas, bien connue des habitués du HYF que nous nous rendons à Vélizy Bailly Romainvilliers. Sur la route, nous croisons des Tesla, oui, et une sublime Honda Civic Type R gen 10, aux jantes dorées certes, mais avec la réf Umbrella Corp sur la portière.

Nous arrivons une poignée de minutes plus tard à Teslalaland et je découvre le Tesla Owner Club.

Mon regard se porte d’office sur la machine à café, les pains au chocolat, les croissants, et les chouquettes. Ils savent parler vrai chez Tesla.

Un Model X dernière génération nous accueille, portes levées. Un vaisseau au milieu d’une concession. La nouvelle Model 3 est évidemment de la partie, comme un Model Y Long Range qui attire toujours autant les foules sentimentales en mal d’idéal spacieux.

Je balaie du regard les membres du Tesla Owner Club. On se croirait dans un Apple Store et cette sensation se confirmera constamment tout au long de cette matinée. Sur le mur est inscrit la mission de Tesla : « rendre le monde meilleur blabla machin ». Chacun échange et partage son expérience. On se croirait dans une réunion pour électriques anonymes.

Un air religieux

Le temps de s’inscrire pour un essai d’une Model 3 restylée améliorée (plusieurs tournent dans ce but) et me voilà à échanger avec différents proprios. Nous sommes clairement chez Apple. D’ailleurs, le mépris de classe généré envers les proprios de Tesla est le même que celui généré envers les utilisateurs d’iPhone. Et l’inverse est vrai : chez Tesla tout est formidable et effectivement, l’approche « club privé » donne clairement cette sensation. L’aspect très sectaire de l’univers communautaire. Il faut avouer que ça a une saveur de guerre religieuse au nom d’une sorte de divinité de la consommation : d’un côté les Tesla Users considèrent que choisir autre chose est aberrant frérot. Les autres les voient comme des fanatiques aveuglés par des concepts perfectibles et fermés. J’ai une théorie sur ça d’ailleurs. Je vous l’explique au paragraphe d’après.

Dis moi combien tu paies, je te dirai combien polluer

Depuis les années 2010, le marché automobile a sombré dans un conformisme pragmatique. Chaque nouvelle caisse ressemblait à l’ancienne, à la concurrente, à celle du coin de la rue, à un pattern générique. Le marché devient complexe, les gens n’ont plus de thunes et les risques automobiles ne paient plus. Derrière se trouve une Europe qui, après avoir littéralement baisé la planète consciemment des siècles durant, demande à l’industrie la plus complexe et indirectement la plus responsable de la situation de faire des efforts. Ces efforts ont un coût. Ajoutez un malus écologique qui stérilise toute idée de bagnole à vocation passionnelle et vous avez un marché chiant et dénué de fun.

Cette volonté de respecter monétiser la planète a débouché sur la RSE. @Maitremanda pourrait vous en parler des heures, sa thèse d’avocat ayant porté sur cette Responsabilité Sociétale des Entreprises, qui a engendré une valorisation extrême de projets à fort potentiel social et environnemental. Favorisant ainsi le développement de Tesla pour attaquer le marché le plus cher de l’industrie de produits grand public de l’histoire.

L’amour de Tesla ou quand les enfants ne lâchent pas la prise

Tesla n’a pas été imaginée par un constructeur. Elle a été imaginée par un gamin de 12 ans d’âge mental, mais aux moyens illimités et à l’ambition démesurée. Les ingénieurs ont travaillé sur un objet roulant high tech et non sur une voiture. Là où un ingénieur réfléchit à la meilleure solution pragmatique pour résoudre un problème, les ingénieurs de Tesla y ajoutent un syndrome Peter Pan. Une méthode déjà utilisée par… Apple, mais pas que. Tesla est donc un constructeur, différent certes, mais un constructeur quand même. Puis Tesla est en plus un outsider, comme l’a été Sony en photo, Apple en téléphonie mobile. Il a donc décidé de ne pas viser les automobilistes. Il vise en effet les grands enfants, les néophytes et les geeks.

Les Tesla sont bardées de gadgets, jeux, jouets, délires et autres choses qu’on ne trouvera nulle part ailleurs, car il est impossible de trouver un flipper dans la salle d’attente d’un médecin. Ce n’est pas sérieux et ce n’est pas le propos.

Tesla : un outsider comme un autre qui crée une rupture comme une autre

Quand Apple a attaqué le marché de la mobilité, il est arrivé avec une rupture technologique. L’idée étant de proposer une nouvelle expérience (en l’occurrence le multitouch et l’App Store centralisant les applications). Cela a abouti à des engins qui sont passés de nouvelle expérience à la réalisation discutable (le premier iPhone était une daube en matière de téléphone), à des engins qui font tout bien. Mais qui n’ont pas l’âme d’un bon Motorola StarTac des familles et de son mouvement pour décrocher et raccrocher. Il n’y a pas ces défauts si caractéristiques, qu’ils en deviennent des madeleines de Proust.

Pour Sony et la photo, c’est la même. chose. Sony est arrivé sur la marché avec un produit différent (Sony A7). Très vite, ce produit perfectible est devenu une référence. Mais malgré tout son potentiel, mon Sony A7 IV n’arrive pas restituer le plaisir d’une visée optique aussi imparfaite que jouissive d’un bon reflex des familles.

Pour la Tesla Model 3, c’est exactement ça. L’expérience est probablement la quintessence de l’attente automobile depuis 130 ans. Un couple disponible immédiatement, une puissance délirante, un intérieur vaste, spacieux, silencieux. Mais ces défauts caractéristiques de l’automobile ne sont pas présents. Le bruit du moteur qui peut devenir un déclencheur ASMR fort, le couple qui augmente progressivement en montant dans les tours, permettant d’attendre et d’appréhender son arrivée, cette odeur de l’essence, ces vibrations qui permettent d’identifier l’engin, cette transmission techniquement bandante, la mécanique dont chaque pièce est actrice d’une chorégraphie complexe parfaitement synchronisée.

Ce qu’il manque à tous ces produits, c’est une âme au milieu d’une ennuyeuse perfection.

Quinze minutes en Tesla Model 3 Highland améliorée

Ce n’est pas la première fois que je monte dans une Tesla, mais la première fois que j’en conduis une. Tel un smartphone, elle demande de revoir ses habitudes.

On ne démarre pas dans une Tesla. Elle le fait pour nous. La ceinture mise, il faut caresser l’écran pour passer en mode « Drive ». La pédale réagit sans latence. Elle est plus sensible qu’un Tesla Owner sur Twitter, ou qu’un cycliste parisien frôlé par une feuille morte.

On ne freine pas en Tesla, il faut relâcher l’accélérateur. Le freinage magnétique agit fort. Tant et si bien que le maîtriser accroît intensément votre skill de conduite sur glace. Conduire une Tesla c’est savoir marcher sur des œufs.

Étrangement, la voiture grand public la plus sophistiquée au monde n’est pas fichue de gérer automatiquement la pluie de manière convenable, comme les feux automatiques qui semblent jouer sur leur smartphone plutôt que faire leur job.

La puissance de l’électrique nous est connue. Nous en sommes à plus de 50 essais de VE sur le site. Mais cette TM3 v2 pousse fort dans les voies d’insertion, même avec trois personnes et demie à l’intérieur.

La propulsion a quelque chose de cool. La direction est remarquable de précision et ce, même en mode confort. Le moindre degré sur le volant a une influence sur les roues. Les trains roulants sont efficaces, le châssis est bon et aidé par une répartition des masses presque parfaite.

La suspension n’a plus rien à voir avec les autres modèles. Elle filtre la route à la perfection et il est enfin possible de prendre un dos d’âne sans se briser une vertèbre.

Les sièges sont confortables et mon envergure se calait bien. Mais j’ai eu du mal avec la position de conduite et j’aime les baquets bordel. Ces sièges sont également ventilés et ça mes amis, c’est le feu. Enfin le frais pour le coup.

Ces quinze minutes ne sont pas suffisantes pour en faire un essai. Mais ajoutez à cela une insonorisation à en couler une larme de joie au Novichok, une tablette réactive, un système bien fichu, une luminosité agréable malgré un temps pluvieux, une réactivité dans la direction digne d’une Honda Civic Type R, l’absence d’entretien et tout ça pour moins de 39 000 euros grâce aux dons généreux des acheteurs de Duster dCi et vous obtenez logiquement la meilleure affaire du moment. Pour qui cherche un déplaçoire geekos confortable et efficient.

Mon problème avec les Tesla est le même qu’avec Apple

Devoir se plier au produit plutôt que l’inverse. Apple oblige à s’adapter à son système, à ses restrictions. L’expérience utilisateur est une soumission à des solutions parfois aux antipodes du bon sens et à des restrictions frustrantes. J’ai viré l’iPhone pour ça.

Tesla fonctionne de la même manière. Et visiblement ça plaît. Prenons ces boutons de clignotants par exemple, quintessence du non-sens ergonomique. Les utilisateurs Tesla ont tous évoqué qu’on « finissait par s’y faire ». Mais putain, nous sommes des humains, nous sommes conçus pour nous adapter. Mais l’idée n’est pas de nous adapter à ce que nous concevons ! Sinon autant le concevoir différemment.

Ajoutez le système à l’abonnement payant, les mises à jour qui sont cools pour avoir des trucs en plus, mais qui bien souvent permettent d’avoir des trucs en moins. Nous sommes à la merci du bon vouloir du constructeur qui peut littéralement tout faire à distance.

Enfin, tandis que des écouteurs dans les oreilles m’ont valu un PV en Citroën Ami car ça déconcentre, Tesla a choisi de te faire regarder son écran situé au centre minimum 15 fois par kilomètre pour vérifier la vitesse.

Mais il y a aussi un système fonctionnel, un réseau de superchargeurs et surtout, à la manière de l’iPhone, ce sont des caisses que l’on peut modeler à notre sauce, puisqu’il faut les finir sur Aliexpress.

Mais t’en as vraiment acheté une, con ?

J’en ai même deux sur Gran Turismo. Mais la vie n’est pas un jeu vidéo et malheureusement, le pragmatisme d’aujourd’hui oblige à faire des choix plus difficiles que ceux de Didier Deschamps en 2018.

Alors non, je n’en ai pas encore acheté une mais oui, je compte bien en prendre une. Pour diverses raisons que j’évoquerai dans un autre papier, si le cœur mendie de quoi la payer vous en dit. Mais ce choix aurait été tout autre si le malus écologique n’avait pas anéanti mes rêves d’Italie.

Reste que choisir Tesla, c’est miser sur une approche disruptive chiante Feng Shui de l’automobile. Et surtout, c’est une solution qui excite le geek gamin que je suis, et la geekette fan de conduite électrique qui sommeille en ma femme. Ma femme qui a forcément besoin d’un modèle Performance, évidemment (NON).

Puis Tesla me permet de m’affranchir des concessions, de cette fichue négociation, des révisions fantômes aux tarifs, eux, bien réels et puis, parce que je les trouve chouettes ces caisses.

Reste à convaincre mon conseiller financier qui a répondu à ma première demande par : « Ha Ha ! ». C’est ça être Stagiaire.

Quant à mes rêves de VRAIES voitures, ils s’accompliront au travers de stages et d’essais. Ce qui, mine de rien, est une sacrée chance que nous devons à la maman du Patron, sans qui il ne serait pas là et nous non plus d’ailleurs.

J’ai fait le tour, je pense qu’il est temps de m’arrêt-Tesla.

NDLR : Si vous souhaitez découvrir plus d’humour et des post en live, voici le thread Twitter de cette journée. Pardon, le thread X ( Elon Musk derrière, Twitter, Tesla, tout ça).

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Le Stagiaire
Nourrit à base d'huile de tournesol 15W40 et de chips Vico, le stagiaire n'a pas de nom, parce qu'il ne le mérite pas. Il nettoie les locaux virtuels de Hoonited et entre 2 coups de serpillère virtuelle, il écrit des trucs et taxe des voitures pour les essais.