Essai du triporteur Véligo : plus rapide qu’une Ferrari (en ville)Environ 13 minutes de lecture

by Victor Diakov31 octobre 2021

Aujourd’hui, on va parler de vélo.

Avant toute chose, je tiens à signaler que cet article n’est pas sponsorisé par Véligo, ou par qui que ce soit d’ailleurs. J’aurais bien voulu mais non, j’ai souscrit au service comme tous les clients et je paie tous les mois une (grosse) facture pour la location.

L’offre Véligo : comment ça fonctionne ?

Pour les non-Franciliens, Véligo est le nom du service d’Ile-de-France Mobilités en charge de promouvoir le VAE (Vélo à Assistance Électrique) et de le proposer à la location courte durée pour les habitants d’IDF. A ne pas confondre avec Vélib ou autres services en free-floating, qui peuvent être utilisés par n’importe qui et qui sont facturés au coût par coût.

Le Véligo est une location. Entre un et six mois, le vélo est « à vous » et personne d’autre ne pourra l’utiliser pendant cette durée. Vous devez donc le garer, recharger et entretenir comme s’il était vôtre, contrairement à un Vélib que l’on prend et remet à une borne dédiée, et qui connaît des dizaines d’utilisateurs différents en une journée.

Véligo est un service destiné aux gens qui ne connaissent pas le vélo électrique et qui seraient tentés par un tel moyen de transport au quotidien. Sauf qu’au lieu de claquer directement une somme astronomique dans un beau Cowboy ou Babboe, on loue un vélo pseudo-équivalent pour se familiariser avec l’assistance électrique, et pour voir si ça nous conviendrait au quotidien. Un peu comme si on louait une Zoe avant d’acheter une Taycan Cross Turismo : ce n’est pas exactement la même chose mais il y a de l’idée.

Il existe 3 types de vélos proposés à la location : le classique (entre 1 et 6 mois), le cargo à deux roues et le cargo triporteur (tous les deux louables entre 1 et 3 mois). Selon votre situation particulière et le vélo choisi, le tarif de location varie entre 20 et 100 euros par mois. Mais avant de recevoir son vélo, on s’inscrit à une longue liste d’attente et on… attend. Pour le modèle classique, ça semble aller relativement vite (quelques semaines seulement) alors que pour un triporteur il faudra attendre 2 voire 3 mois, il ne faut pas être pressé de faire du vélotaf.

Une fois l’attente terminée, vous êtes contactés par Véligo et vous avez un certain temps (48h de mémoire) pour valider votre inscription. A partir de ce moment, comptez une dizaine de jours pour recevoir enfin votre VAE.

Véligo propose également de souscrire à une assurance pour votre vélo (je conseille très fortement !). Ça fait grimper la facture mais ça permet surtout de dormir tranquille si vous garez votre vélo dans la rue. Personnellement, j’ai opté pour l’assurance la plus chère (Formule Sérénité+) avec une franchise de 40 €, contre 400 € pour la formule de base et j’ai bien fait (on en parlera un peu plus bas). Les 17,90 € de l’assurance s’ajoutent pour ma part aux 80 € de location de tripoteur.

Pour tous les détails tarifaires et autres précisions sur les modalités de location, je vous invite à aller consulter le site officiel veligo-location.fr. Notez que les vélos ne peuvent pas quitter l’Ile-de-France et le kilométrage est limité à 1 200 km / mois. Il est également interdit d’utiliser un Véligo à des fins professionnelles (si vous êtes un livreur Uber Eats par exemple). Le service Véligo est exploité par la société Fluow et la flotte des triporteurs disponibles à la loc’ est de 120 unités seulement.

J’ai remplacé ma voiture par le vélo : zéro regret

Après la fin de la LLD de notre Golf 7, avec ma copine, on a longtemps hésité à racheter / relouer une voiture pour nos déplacements. Mais comme on se déplace principalement dans Paris ou proche banlieue, on a très vite conclu que c’était une fausse bonne idée. On fait quasiment tout à pied ou en transport en commun et la voiture nous servait essentiellement pour aller voir nos familles respectives, soit une à deux fois par mois (voire pas du tout, pendant les confinements). Pas hyper rentable cette histoire, sachant que les dites familles sont également accessibles en train…

Bref, on finit par abandonner la voiture et, à peu près au même moment, les entreprises commencent à mettre progressivement fin au télétravail. Et c’est reparti : métro, boulot, dodo… vous connaissez la chanson ! Sauf qu’en pleine pandémie de « gripette » qui paralyse le monde depuis presque deux ans, disons que je n’ai aucune envie de m’entasser dans cette foutue ligne 9 avec ces connards gens dont le masque couvre à peine le menton. Alors dans la foulée de la bagnole, on décide d’abandonner le métro.

Mon cas est particulier et ne conviendra sûrement pas à tout le monde. Je ne suis pas en train de vous dire que la voiture, c’est le mal absolu et qu’il faut obligatoirement la remplacer par le vélo, loin de là. Je dis juste que dans mon usage quotidien, le moyen de transport le plus simple, le plus rapide et le plus agréable s’avère être le triporteur électrique.

Pourquoi ? Parce que :

1. Le prix

La location n’est pas donnée, tout comme l’achat d’un vélo neuf d’ailleurs. Mais ça reste nettement moins cher que la moins chère des bagnoles neuves. La batterie étant amovible, celle-ci peut se recharger partout où il y a une prise domestique. Comme au travail par exemple, ce qui est mon cas.

A titre d’exemple, le même triporteur que le Véligo coûte moins de 5 000 € à l’achat avec les options équivalentes.

2. La vitesse moyenne dans Paris

Le VAE est une solution parfaite pour faire faire du vélo à un non-sportif dans mon genre. C’est comme le vélo mais sans les « putain, cette montée est trop rude ». L’assistance électrique permet de facilement garder un rythme de croisière jusqu’à 25 km/h, peu importe le dénivelé.

Habitant intra-muros et travaillant dans la proche banlieue (92), je parcours entre 19 et 22 km quotidiennement. Selon l’appli de tracking d’activités physiques Strava, je me déplace avec une vitesse moyenne de 18 km/h pour mes trajets vélotaf. C’est absolument ridicule comparé à un vélo « normal », qui dépassera largement les 20 km/h de moyenne, mais c’est entre 4 et 5 km/h de plus que la vitesse moyenne d’une voiture dans Paris. Et je suis à peu près sûr qu’aux heures de pointe, les automobilistes se retrouvent plutôt dans la moyenne très basse, pendant que moi je dépasse les kilomètres de bouchons à 25 km/h sur ma piste cyclable…

Le plus gros et le plus lent des vélos est donc plus rapide que la plus rapide des voitures coincée dans l’enfer des embouteillages parisiens. D’où mon « Ferrari » dans le titre, mais ça marche aussi avec les McLaren, Lamborghini et Porsche.

3. La capacité de charge d’une petite bagnole

Le triporteur Véligo a une capacité de charge de 60 kg à l’avant pour un volume de 180 l, ce qui correspond à environ 811 jeux de PS4 ou encore à 181 bouteilles de Goudale de 0,33 l. Il m’arrive régulièrement de m’arrêter faire les courses en rentrant du boulot et c’est un réel plaisir de ne pas avoir à trimballer la charge sur son dos. Oui, il existe des sacoches que l’on fixe sur le porte-bagage des vélos classiques mais va transporter des packs de Cristaline avec ça !

Ah oui, mon vélo a un plus grand coffre que la Toyota GR Yaris, par exemple !

4. C’est plutôt pas mauvais pour la santé

Ai-je vraiment besoin d’expliquer les bienfaits d’un vélo ? Le VAE est bon pour la santé au même titre qu’un vélo musculaire, mais dans une moindre mesure.

5. Le triporteur Véligo est stable

A cause d’un récent problème de santé, mon sens de l’équilibre est totalement parti en vrille et m’empêche de faire du vélo classique normalement. Le choix d’un triporteur a été avant tout motivé par la stabilité qu’il offre, car circuler dans une ville comme Paris demande énormément de concentration et de vigilance. Et on ne peut pas rester concentré sur le trafic qui nous entoure et vigilant sur la route si on ne se sent pas stable sur son vélo. C’est un peu le vélo à roulettes façon adulte, mais je le vis très bien !


Pour toutes ces raisons évoquées, le triporteur me convient. Je ne dirais probablement pas la même chose si j’habitais à Melun et travaillais à Roissy-en-France, mais Dieu merci ce n’est pas le cas. Le vélo n’a pas remplacé la bagnole dans mon cœur et encore moins sur le site, car les deux sont complémentaires ! Je continuerai à hurler de plaisir sur les routes fermées au volant des bolides puissants, mais entre deux essais, je me déplacerai tel un livreur Chronopost au guidon de mon triporteur.

La fiche technique du triporteur Véligo

Véligo a fait appel à la société française Nihola pour concevoir ses triporteurs. Le cadre acier monobloc est soudé à la main dans les ateliers du fabriquant en Vendée et seuls les composants liés à la mécaniques (les freins, le dérailleur, la batterie, etc.) sont issus des équipementiers standards.

Le guidon est le même que sur tous les autres Véligo. Celui-ci intègre notamment un feu, un boîtier central étanche pour fixer son téléphone et le boîtier électronique (display LCD) de commande du vélo (démarrage, allumage des feux, affichage de la vitesse, etc.). Gros plus : le boitier de fixation de téléphone possède un port USB pour recharger son téléphone tout en roulant.

La batterie lithium-ion est placée sous la banquette dans le bac (dans ma version), elle est extrêmement pénible à fixer mais au bout de trois mois d’utilisation on prend le pli, pile quand la fin de la location arrive. Via le bidule LCD placé à gauche du guidon, on peut choisir entre 4 niveaux d’assistance et avec le niveau le plus élevé, vous pouvez parcourir entre 35 et 45 km selon le dénivelé et la charge transportée. L’assistance est placée au niveau de la roue arrière et est assurée par un moteur de 250W / 36V. Le tout délivrant un confortable couple d’environ 70 Nm.

Le triporteur Véligo est équipé d’une boîte de vitesses mécanique à huit rapports et, même si ça paraît évident, il s’agit d’une propulsion. Ses trois roues sont équipées de gros freins hydrauliques à disque Shimano offrant un mordant semblable au freins céramique d’une RS 6. Le dérailleur est un Shimano également.

Parlons dimensions. Le triporteur mesure 205 cm de long, 91 cm de large et 110 cm de haut. Le bac quant à lui affiche les dimensions « utiles » (long x larg x haut) de 84 cm x 57 cm x 49 cm et 60 kg de charge maximale (180 l de volume !). Un petit banc assez confortable est intégré au bac avec deux ceintures 4 points pour transporter deux enfants « en toute sécurité ». La roue arrière mesure 26 pouces de diamètre alors que les roues avant sont en 20. Le poids à vide est de 48 kg.

La batterie amovible pèse 3,9 kg selon mes propres mesures et il faut compter entre 5 et 6 heures pour une charge complète (pour passer de 20 % à 100 %).

Le triporteur Véligo au quotidien

Autant le dire tout de suite : ce n’est franchement pas très maniable. Vu que je n’arrive même pas à faire un demi tour d’une traite dans l’allée de mon parking sous-terrain, je dirais que son rayon de braquage se situe quelque part entre 6 et 8 mètres. Ca peut être assez handicapant pour faire des manœuvres précises (comme stationner son vélo en marche arrière) mais globalement, en roulant, on s’y fait. Tout comme on se fait à son imposant gabarit d’ailleurs !

Contrairement à un vélo classique, que l’on penche dans les virages en tournant légèrement son guidon pour tourner, le triporteur Véligo se comporte presque comme une voiture et prend exactement 0 degré en inclinaison. Il faut mettre beaucoup plus d’angle dans le guidon pour négocier le moindre virage et de préférence à une allure réduite… Sinon on lève une roue, on retourne le vélo et on meurt écrasé par une camionnette blanche trop pressée. On a tendance à compenser la force latérale en se penchant tantôt dans le sens du virage, tantôt dans le sens opposé. Ajoutons à ce comportement – pas du tout naturel pour un vélo – le porte à faux avant interminable et on obtient un engin à pédales plutôt bizarre à appréhender. Cette appréhension dure quelques jours (2 ou 3 dans mon cas), ensuite la confiance s’installe et le kif commence !

Le kif de transporter son enfant à la crèche sur une confortable banquette 2 places avec son doudou attaché à côté (il y a deux harnais pour les petits ou une ceinture ventrale pour les plus grands). Le kif de s’envoyer 10 bornes jusqu’au bureau de bon matin, le sac à dos dans le bac. Le kif d’aller faire ses courses en sortant du boulot, sans jamais se soucier de « comment je vais ramener tout ça chez moi ? ». Le kif de se déplacer lentement mais sûrement dans une ville embouteillée 24 heures / 24. Ah oui, le kif de se dire qu’à part les 100 € de location, tout ce trajet ne m’a pas coûté un centime.

Par rapport à un triporteur « classique » (Amsetrdamair, Babboe ou autre), le Nihola possède un énorme avantage qui le rend beaucoup plus maniable et donc plus adapté à une grande ville comme Paris : son cadre fixe. Comprenez par là que les autres triporteurs se comportent un peu comme un bus accordéon pour tourner, leur caisse pivote en même temps que le guidon. Le vélo n’offre aucune rigidité longitudinale et dès les 15 km/h, on a l’impression de conduire une saucisse. Plus gros, plus lourds et moins maniables… Bref, je n’ai absolument pas aprécié le principe d’une direction intégrée au cadre. Vive la direction comme sur les bagnoles ! Vive Nihola ! Vive la France ! (Mais pas Zemmour hein, parce que c’est une énorme merde)

Véligo : un service vraiment au top !

Indépendamment du triporteur en lui-même que j’ai énormément apprécié malgré les quelques défauts, j’aimerais vous parler du service après vente Véligo et de son application pour smartphone.

Commençons par l’appli. Celle-ci permet de se connecter au vélo en Bluetooth et d’avoir accès à 2-3 données sur la conduite, comme la vitesse, le niveau de charge de la batterie ou encore le niveau d’assistance choisi. En somme, ça affiche exactement la même chose que le petit écran LCD sur le guidon. Mais elle peut également servir de GPS, localiser son vélo et tout bonnement afficher l’historique des déplacements (distance parcouru, calories brulées, etc.). Via l’appli, on peut également contacter l’assistance ou déclarer un sinistre et j’ai malheureusement pu tester cette dernière fonctionnalité.

Pour les besoins de ce test, je me suis muni d’un voisin rageux (un motard) qui n’a pas hésité à me défoncer mon triporteur parce que je me serais soit disant garé sur une place « réservée aux 2RM ». Ce fils de pute parfait inconnu m’a crevé les pneus, coupé les freins et a commis d’autres attrocités sur mon pauvre vélo le rendant ainsi inutilisable. Nous sommes jeudi, j’appelle l’assistance et j’explique mon problème. Je liste tous les dégats que j’ai pu observer sur le vélo et la dame à l’autre bout du fil transfère mon dossier au service de réparation ambulant. Quelques SMS de confirmations plus tard, le mardi d’après, un mécano se pointe chez moi avec un vélo cargo rempli de matos à ras bord et une heure plus tard, me voilà de nouveau en selle.

Le coût de l’opération ? Pour le moment, je n’ai pas eu de nouvelles de Véligo à ce propos. Tout ce que je peux vous dire est que je n’ai pas eu à débourser un seul centime de ma poche. Mon assurance « tous risques », souscrite au moment de la location, a pris en charge l’intervention du mécano et je vais sûrement devoir payer la franchise (40 €) au moment de la restitution du vélo. Pour résumer : la déclaration de sinistre est hyper bien faite dans l’appli et le service est hyper réactif.

Le bilan après 3 mois d’utilisation et près de 1 000 km parcourus

90 % du temps, un triporteur offre les mêmes avantages qu’un vélo traditionnel à Paris. A savoir : pouvoir emprunter les pistes cyclables, rouler dans les voies de bus ou encore de remonter une file de voitures à l’arrêt (cheh !). Mais pour les 10 % qui restent, sa taille de semi-remorque se fait sentir et nous oblige à se fondre dans le trafic avec les voitures. Ce n’est pas spécialement plaisant ni même sans danger d’être sur un vélo dans un flux de klaxonneurs de l’extrême, mais ce n’est même pas ça le vrai désavantage… Car quand ça bouchonne et qu’on n’est pas assez maniable pour contourner le trafic, on subit les embouteillages avec les voitures. Le comble !

Autrement dit, j’ai attrapé un véritable virus du triporteur et je suis très déterminé de m’en acheter un prochainement. Exactement le même que le Véligo, mais avec une capote en toile sur le bac pour pouvoir transporter ma fille par temps de pluie. C’est une expérience de « conduite » assez unique et au quotidien, dans une grande ville comme Paris, ça peut carrément remplacer la voiture pour la plupart des déplacements.

Toutes les images du triporteur Véligo

On aime

+ Une prise USB intégrée au boîtier étanche sur le guidon.
+ La stabilité comparée aux triporteurs Babboe ou Amsterdamair.
+ La capacité de charge à l'avant.
+ La puissance de l'assistance.
+ Le cadre fixe est définitivement la meilleure option pour un triporteur urbain.

On aime moins

- La qualité d'assemblage de certaines parties du vélo (l'éclairage notamment).
- La batterie est vraiment pénible à installer.
- Le bac aurait mérité de recevoir un revêtement en caoutchouc pour amortir le choc lors du transport de trucs.
- Pourquoi ne pas avoir proposé de rétroviseurs directement intégrés au vélo ?
- Le rayon de braquage peut être handicapant dans certaines situations.

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Victor Diakov
Tête de pétrole, ingénieur conso max et papa.