Cette Toyota GR Yaris édition Sébastien Ogier de 280 ch offre autant de performances que son physique de rallye le laisse deviner. Cependant, pas la peine de l’envisager pour le quotidien.
| Marque et modèle | Toyota GR Yaris |
| Version/finition | Edition Sébastien Ogier |
| Prix du modèle essayé | 69 800 € |
| Kilomètres parcourus | 580 km |
| Consommation constatée | 11,8 l/100 km |
| Type de moteur | 3 cylindres 1,6 l |
| Puissance | 280 ch |
| Couple | 390 Nm |
| Boîte de vitesses | Manuelle à 6 rapports |
| Transmission | Intégrale |
| Poids à vide | 1 280 kg |
| Accélération (0 à 100 km/h) | 5,2 s |
| Vitesse maximale | 230 km/h |
Le contexte de l’essai
En juillet 2023, j’avais eu une (très) mauvaise expérience avec la GR Yaris Pack Premium du fait de pneus surgonflés pendant plusieurs jours. À cette époque, tel un débutant, je n’avais pas le réflexe de vérifier la pression. Avec 2,8 bars à l’avant contre 2,2 bars en recommandations du constructeur, ma sportive rebondissait et survirait constamment. Au point de me faire des énormes frayeurs au volant. Même après la correction, aucun plaisir pour la fin de l’essai.
En novembre 2025, l’opportunité de tester la nouvelle version dans une édition Sébastien Ogier limitée à 200 exemplaires dans le monde ne pouvait pas se refuser. Immédiatement, j’ai perçu les différences de tenue de route avant même de vérifier les gonflages : 2,1 au lieu de 2,2 à l’avant, rien de bien méchant. De ce fait, j’ai enfin profité d’une voiture de rallye durant une semaine. Avec encore quelques (mêmes) restrictions, mais indépendantes de mon pilotage, cette fois.
La nouvelle GR Yaris
En 2024, Toyota annonce une GR Yaris phase II avec notamment l’arrivée d’une boîte automatique. Je vous invite à lire mon article sur ce sujet avec toutes les caractéristiques techniques et esthétiques. Le prix commence à partir de 49 950 € (sans parler du malus de 70 000 €) mais la mienne dispose d’une particularité qui l’amène à 69 800 € (sans toujours parler du malus de 70 000 €). C’est une édition Sébastien Ogier, en hommage au pilote éponyme. Nous avons notamment une peinture spécifique « Gris Furtif Mat » totalement magnifique et surtout un énorme aileron en fibre de carbone puis des étriers bleus au centre de jantes forgées de 18 pouces. Je pensais préférer la première version puis finalement, ce restylage en met encore plein la vue.
Une petite bombinette qui impose une allure de monstre tout en restant presque discrète dans la circulation. Bon d’accord, j’abuse un peu. Il est probable qu’en rouge, elle aurait attiré de plus nombreux regards. Dans le même genre, une récente finition AERO reprend des éléments aérodynamiques car les éditions limitées (avec la Rovanperä) ne sont plus disponibles à la vente en France. Quelle chance d’avoir pu autant en profiter.
La vie quotidienne en Toyota GR Yaris édition Sébastien Ogier
La vie est une question de point de vue. Comme toujours. Pour des vieux ayant connu les bolides comme la R5 Turbo ou la 205 T16, forcément une Yaris de rallye en 2025 sera largement plus vivable dans la vie courante. Pour tous les aspects. Toutefois, si on se base comme un essayeur émérite contemporain, on pourra légitimement évoquer quelques désagréments. Le premier étant la résonance dans l’habitacle. Comme dirait Olivier : « On entend la route ».
Plus que le moteur ou les bruits d’air, ce sont les trains roulants. Quasiment exactement comme dans la précédente version. Même à vitesse stabilisée (90 km/h et sans régulateur de vitesse adaptatif), on a la tête qui commence à bourdonner. Puis surtout, ça n’a aucun intérêt. Il faut casser le rythme pour prendre du plaisir. Pas le train-train ennuyeux du quotidien. Notamment en boîte mécanique. La pédale d’embrayage demeure ferme et le point de patinage haut. Tout ce qu’on déteste dans les bouchons. J’ai même un peu accroché le levier avec un guidage moins affirmé que dans mes souvenirs. Dans ce registre, la MX-5 s’en sort avec davantage d’aisance.
La vie à bord
Par contre, les bips à la con m’apparaissent moins présents. Il faut cliquer 5 fois sur le volant pour désactiver l’alerte de vitesse. Rien d’autre à signaler. Au point d’éliminer 99 % des bruits de mobilier. En fonction du volume, on aura un grésillement des enceintes JBL. Une première déception chez Toyota. On se tord constamment le torse pour attraper la ceinture. La qualité de la caméra de recul progresse et son format de citadine permet de stationner aisément.
Je voulais aussi insister sur la raideur du châssis mais tous les participants du Hoonited Yvelines Festival ont jugé la GR Yaris confortable. Indubitablement, quand on s’attend à monter dans une auto de compétition, on imagine une planche de bois. Ce qui n’est pas du tout le cas en conduite dynamique. Sauf qu’en ville, avec les ralentisseurs divers et variés, on se fait parfois secouer, à subir. Lorsqu’on engage la caisse, c’est tout l’inverse. De plus, les sièges baquets proposent une assise agréable. Si on veut tatillonner un peu, on pourrait demander encore plus de maintien latéral, comme en Cupra. On voudrait surtout plus de coffre car 174 litres, c’est ridicule. Comme les places arrière, anecdotiques tant il est impossible de s’y faufiler pour des adultes et vos saletés d’enfants dérègleront fatalement les sièges avant.
Tout est mieux sur la Toyota GR Yaris édition Sébastien Ogier
Tout est mieux sur cette version avec un siège conducteur plus bas et un rétro central plus haut. Le tableau de bord est aussi moche qu’ergonomique. Et je ne le trouve pas si laid que ça tant il correspond aux attentes de pragmatisme et de robustesse. L’écran devient plus réactif, les compteurs numériques donnent les informations nécessaires et la climatisation se règle avec des boutons physiques. On chauffe facilement ses mains et son séant. On trouve aussi une plaque numérotée 006/200 et c’est plus classe que l’unique numéro 1 pour tous les modèles chez Lamborghini. Seul regret, le bouton on/off, caché derrière le volant, comme dans le Lexus LBX ou chez Renault avec la R5/R4.
Tout est mieux aussi niveau motorisation. Elle conserve le 3 cylindres 1,6 l mais il passe de 261 à 280 ch et surtout de 360 à 390 Nm. On a l’impression de percevoir cette différence en conduisant. Bien qu’il faille encore dépasser 3 000 trs/min pour ressentir ce couple, on entend le sifflement du turbo dès 2 000 trs/min. Les premières fois, je soufflais autant que lui du fait des sensations. Juste 5,2 secondes pour le 0 à 100 km/h. On tape même du 7 000 trs/min très rapidement et le rupteur surprend. Entre le bruit et l’odeur la vitesse, on retrouve des perceptions rares de nos jours. Le faux son du moteur dans les haut-parleurs doit se couper absolument et on apprécierait presque la sonorité naturelle de ce 3 pattes.
Le rallye sur route en Toyota GR Yaris édition Sébastien Ogier
Avec une caisse de rallye, seules des routes fermées offrent un aperçu du potentiel. Plutôt qu’un circuit, il faut projeter cette GR Yaris dans des cols ou des spéciales nordiques. Entre asphalte et terre ou même neige. Je n’ai jamais eu autant de grip de toute ma vie, soit depuis 4 ans et une trentaine de sportives. Absolument hallucinant le combo motricité/Michelin Pilot Sport 4S. Pour la transmission, en normal, ça donne une répartition de 60 % à l’avant et 40 % à l’arrière. Attention à ne pas confondre le mode normal avec le mode normal. Car on a aussi un mode éco, normal, sport et custom. Très classiques qui changent la réponse à l’accélération, la dureté de la direction et la puissance de la climatisation.
Puis on a le mode pour les (vrais) pilotes avec Seb et Morizo. Seb comme Sébastien Ogier et Morizo comme le surnom d’Akio Toyoda (Président du conseil d’administration du groupe japonais et rallyeman à ses heures perdues). Le premier ajoute de la propulsion à 60 % et le second équilibre à 50/50 avec en bonus le désaccouplement de l’arrière à la décélération et au freinage pour alléger le cul.
Le grip de folie
Malheureusement je n’ai pas testé car j’ai surtout roulé sur du mouillé et je pensais que le mode normal garantissait la transmission intégrale classique, celle sécurisante. Donc même en 60/40, c’est une folie d’adhérence. En poussant les limites (à mon niveau après deux expériences sur piste en A110 S et Mégane R.S. Ultime), je n’ai jamais perçu de danger et c’est peut-être le plus inquiétant. Comme mon objectif est de rendre une voiture intacte à Toyota France, je me demande bien quand cette GR Yaris décroche. Entre les sorties de courbe explosives et les freinages en ligne, une machine impressionnante. On ne se pose pas trop la question de la direction tant elle semble naturelle et efficiente. Nonobstant, le plaisir débute nécessairement avec un rythme échevelé contrairement à une Alpine A110 qui se savoure dès 50 km/h et même en version R/radicale.
Enfin je m’amuse en Toyota GR Yaris
Cependant, je me suis beaucoup amusé avec cette nouvelle GR Yaris. Et je n’ai pas tant râlé sur son manque de polyvalence par rapport à mes critères habituels dont celui de disposer d’une boîte automatique et de suspensions pilotées. Impossible de l’envisager comme seule voiture du foyer en région parisienne mais si vous vivez dans des zones montagneuses ou dans des campagnes aux multiples routes sinueuses, y a de quoi se régaler. Et aussi se fatiguer. Cela reste éprouvant de conduire aussi ardemment. C’est aussi pour cela que j’ai profité du bitume trempé pour donuter en mode Seb et en coupant l’ESP. Quoi de plus récréatif que de pivoter sur la roue intérieure gauche en glisse sur 360° ? La réponse est simple : le faire sur 720°.
Les consommations et l’autonomie
J’ai moins rigolé en regardant ma jauge d’essence. En conduite classique, on tourne souvent à 9 l/100 km avec plus en ville et moins sur voies rapides. Ce qui fait déjà mal pour un 3 cylindres. Dès qu’on pousse, on dépasse les 12 l/100 km et on tape du 17 l/100 km si on s’énerve. Donc ma moyenne de 11,8 l/100 km après 580 bornes s’avère logique. Contrairement à ces satanés ordinateurs de bord nippons qui amoindrissent volontairement l’autonomie. Du fait d’un réservoir de 50 litres, on a raisonnablement 500 km devant soi et non 400 comme annoncés. Se retrouver dans la réserve alors qu’il nous reste encore 10 litres dans la cuve d’essence, ça m’agace. Même les électriques sont moins angoissantes sur ce sujet.
En conclusion
Dégagez votre Toyota GR Yaris Premium Pack pour une nouvelle Toyota GR Yaris édition Sébastien Ogier ! Impossible de le regretter tant tout est amélioré. Déjà c’est une performance en soi pour le 3 cylindres plus coupleux et plus appréciable. Ensuite parce qu’elle conserve des qualités impressionnantes par son grip et son explosivité. Une bombe autant physiquement que techniquement. La contrepartie se paye par un usage peu pertinent au quotidien dont des consommations élevées même en roulant tranquillement. L’habitacle ne filtre toujours pas suffisamment les bruits des trains roulants qui engendrent une résonance usante pour les occupants. Si elle ne devient pas la voiture idéale à mes yeux, elle peut dorénavant s’envisager pour une utilisation récréative et plus que jamais, on a besoin de s’amuser.
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