Review

Essai Nissan Qashqai e-power : en cerise et en familleEnviron 13 minutes de lecture

by 4 septembre 2023
Résumé
Marque et modèle

Nissan Qashqai

Prix de base

39 600 €

Prix du modèle essayé

47 150 €

Moteur

e-Power = un moteur thermique génère de l'énergie pour le moteur électrique

Carburant

Essence (pour alimenter un générateur)

Puissance

190 ch

Couple

330 Nm

Boîte de vitesse

Pas vraiment

Transmission

Aux roues avant

0 à 100 kmm/h

7,9 s

Vitesse max

170 km/h

Longueur

4 425 mm

Largeur

1 835 mm sans rétroviseurs, 2 084 avec

Hauteur

1 625 mm

Empattement

2 670 mm

Poids

1 685 kg

Réservoir

55 l

Km parcourus

1 278 km

Conso moyenne constatée

7,2 l/100 km

CO2

117 g

Puissance fiscale

8 CV

C’est à mon tour d’essayer le Nissan Qashqai e-Power, mais dans sa version Tekna et surtout dans une très jolie teinte rouge cerise. Dans cet article nous allons voir quelles sont les qualités du Qashqai, puis nous listerons ses défauts, avant de tirer une conclusion globale. – Titouan, élève de terminale 4 au lycée Justin Bieber de Montcuq

Le contexte de l’essai

Nissan devait me prêter un X-Trail pour faire un essai typé « en vacances avec enfants », mais pour des raisons techniques cela n’a pas été possible. Ils m’ont donc très gentiment proposé son petit frère, le Qashqai E-power : le même que celui essayé par @Novichok mais en mieux fini, et puis surtout moi je vais mettre des enfants dedans (les miens, entre autres) et on va voir ce qu’il en est.

Les crossover, la panacée ?

Que dire que mon merveilleux collègue n’ait pas déjà explicité ? Oui, le Nissan Qashqai est le précurseur des crossovers, comme Nissan se plaît à nous le rappeler dans chaque communiqué le concernant. Les crossovers donc, j’aime pas. Ils sont gros, lourds et avec un dessin souvent pataud même si certains artifices tentent de limiter cet effet (j’ai failli mettre mitiger, mais on n’est pas dans une école de commerce privée ici, on a des vrais diplômes).

Et tout ceci a un coût, financier et écologique : le SCx de groupe électrogène fait consommer plus, et toute la chaîne cinématique est victime du poids : suspensions, freins, transmission (on y reviendra) … vous me direz, et vous aurez raison, que ce sont les garages et la marque qui en profitent, car ça fait plus d’entretien, et des pièces plus chères. Côté consommation c’est pareil : un truc lourd et pas aérodynamique, ça consomme (on y reviendra aussi, vous avez vu ce teasing ?).

Une carrure de footballeur (américain hein, sinon ça n’a aucun sens) pour le Nissan Qashqai

Observons donc ce Nissan Qashqai e-Power Tekna. Pour commencer, oui il est gros : long de 4,42 m, il est surtout large de 1,83 m et haut de 1,63 m, avec un dessin massif de chez massif. Alors oui, ça donne une impression de robustesse, de solidité, mais certainement pas de dynamisme. La couleur choisie pour mon crossover de prêt (de loin aussi d’ailleurs) est très belle : elle s’appelle Rouge Passion, et vous coûtera 850 € en plus des 44 700 € du modèle dans cette finition Tekna. On reconnaît bien le dessin typique du Qashqai, notamment au niveau des optiques : modernisées, elles sont toujours reconnaissables. Les jantes, quant à elles, sont en 18 pouces de diamètre, avec des pneus aux flancs relativement hauts : ça fait moins voiture de footballeur et en plus ça limite les dégâts sur les jantes quand on se gare, pas comme sur une Tesla par exemple.

Petit point thunes, pognon, moulaga

En parlant tarif d’ailleurs, le prix de base en Tekna (presque la finition la plus haute, cette dernière étant la Tekna+) est de 44 700 €. A cela il faut donc ajouter la peinture à 850 €, mais également le Pack Hiver à 750 € (sièges avant, pare-brise et volant chauffants, et antibrouillards avant à Led) et le Pack Design à 850 € (toit panoramique en verre, rails de toit). Ce qui nous fait un total de 47 150 €. Je sais, ça fait une somme.

C’est nouveau donc c’est bien ! Ou pas…

Côté motorisation, Nissan a joué l’originalité avec une solution technique unique, ou presque : le e-Power. En gros, vous avez un moteur essence 3 cylindres de 136 ch qui alimente un générateur, qui lui-même remplit une batterie dans laquelle vient piocher un moteur électrique de 190 chevaux. Sur le papier c’est génial : plus de transmission, le plein se fait avec de l’essence en quelques minutes, mais vous roulez en électrique et donc presque sans bruit, et comme on sait qu’un moteur à explosion ça consomme beaucoup moins quand ça fonctionne à régime stabilisé, on devrait avoir le meilleur des deux mondes.

Mais ça, c’est sur le papier.

Dans la vraie vie, celle avec de l’autoroute et des enfants et des bagages et de la circulation, c’est beaucoup moins bien, et j’ai constaté à l’usage les mêmes problèmes que mon estimé collègue : si le système fonctionne sans à-coups ou presque, il devient vite bruyant sur voies rapides, et ce dès 110 km/h. Je ne vous raconte pas quand on est chargés à 5 occupants et bagages, à 130 km/h : le petit 3 cylindres se fait entendre, et c’est pas franchement agréable. De même, quand on accélère, il nous fait bien comprendre que ça le dérange plus qu’autre chose. En même temps, quelle idée de mettre un trois-cylindres dans un crossover de cette taille, et surtout de ce poids ? Ce n’est pas parce que les gens de chez Koenigsegg sont fous qu’il faut l’être aussi !

Consommation du Nissan Qashqai : la déception du Nissan Qashqai (c’est chiant hein ?)

L’autre problème est la consommation : si en ville on peut descendre dans la zone des 4,7-5,2 l/100 km, sur autoroute c’est pas la même limonade : lors de ma première partie de parcours, qui m’a mené en Allemagne depuis la région parisienne via Dijon, au régulateur et en mode « standard » (il y a aussi « éco » et « sport », qui changent la réponse à l’accélérateur principalement), j’ai fait du 6,6 l/100 km, ce qui n’est pas ouf, avec des pointes à plus de 7 l/100 km sur les portions purement autoroutières.

Lors de la seconde partie de mon périple, retour d’Allemagne en région parisienne puis vers la Normandie, j’ai carrément consommé 8 l/100 km, ce qui n’est pas vraiment un bon score. Malheureusement, vous n’aurez pas ma consommation sur mon dernier plein, pour des raisons que j’expliquerai plus tard. Au total, modulo ma dernière partie de trajet, j’ai consommé 7,2 l/100 km sur 1 278 km parcourus, le tout en conduite « daron ++ » donc sans faire le fou. Cette motorisation a pourtant été spécifiquement conçue pour les consommateurs européens, qui « passent plus de 70 % de leur temps à conduire dans des environnements urbains et suburbains » d’après le communiqué de presse. Mouais.

Et pourtant…

La technologie e-Power ne semble donc pas tenir toutes ses promesses. Ceci dit, je pense qu’avec un peu plus de développement, il y a moyen d’en faire un truc vraiment cool : une meilleure insonorisation du moteur, un bloc Diesel, une gestion de l’énergie différente… suffiraient peut-être à la rendre vraiment intéressante. Après tout, elle comporte de nombreux avantages : l’absence de transmission limite le risque de casse, mais aussi la perte de puissance, le moteur thermique fonctionne plus souvent à régime stabilisé et donc s’use et consomme moins, on peut mettre ledit moteur thermique où on veut…

Je digresse : « gresse »

La technologie Diesel-électrique est d’ailleurs utilisée depuis longtemps sur des véhicules aussi éclectiques que bizarres : Le Tourneau en a équipé son Overland Train, des chars d’assaut l’ont utilisée, des trains et des sous-marins aussi, et elle est encore très usitée dans le secteur minier, pour les tombereaux rigides (aussi connus sous le nom scientifique de « énormes camions ») de classe Ultra (ça veut dire ce que ça veut dire). Si c’est bon pour un Liebherr T284 de 242 tonnes (à vide, 605 tonnes en charge), c’est sûrement bon pour vous, non ? Pour l’instant non. Mais avec quelques ajustements on tient peut-être une bonne formule pour ceux qui veulent rouler en électrique mais sans avoir d’infrastructures de recharge à disposition.

Intérieur du Nissan Qashqai : classique, efficace. Les vieux pots, les soupes, etc.

Bref, passé ce point conso et bruit, la conduite du Nissan Qashqai est agréable : la position idéale est facile à trouver, les sièges offrent un bon maintien et l’habitacle est spacieux. Même avec trois enfants derrière (5, 7 et 11 ans) et moi devant (1,87 m) avec Madame (1,65 m) on est tous à l’aise : les sièges ont une forme agréable, le dossier creusé permet de bien caler les créatures et la sellerie mixte TEP (Tissu Enduit Polyamide)/tissu gris clair associée au toit panoramique donne une belle sensation d’espace et de lumière.

Côté ergonomie, on est très bien : les différentes fonctions sont faciles d’accès, s’utilisent de manière intuitive, il y a des vrais boutons physiques. Petit bémol pour les petites molettes sur le volant : quand j’avais les mains trop sèches, impossible de les faire tourner, mes doigts glissaient dessus, ou alors en appuyant dessus, mais ça faisait « ok » du coup. Après, c’est peut-être mes mains qui sont bizarres.

« Le plus important c’est la famille » V.D

Pour la compatibilité-enfants du Nissan Qashqai, on est bien : les places arrière, si elles ne sont pas faites pour des adultes, conviennent parfaitement aux plus jeunes. Les portières arrière s’ouvrent à 85°, c’est 5° de moins que les portières arrière de feu ma Daihatsu Trevis, mais mine de rien ça aide quand même pas mal les enfants à monter, et les parents à installer un siège bébé. Conséquence logique : ça rend aussi plus difficile la fermeture desdites portières par lesdits enfants. Les places arrière sont également équipées de fixations IsoFix. Côté aspects pratiques, rien de folichon : des porte-gobelets dans l’accoudoir central, des buses d’aération entre les sièges avant, une prise USB.

Le coffre est honnête avec ses 455 litres de capacité, qui passe à 504 litres quand on enlève les deux plaques indépendantes ET QU’ON LES RANGE AU FOND DU COFFRE (pas comme ce débile de @Novichok). Quand elles sont en place, elles permettent cependant d’avoir un plancher plat en rabattant les sièges, ce qui n’est pas négligeable. Avec l’ouverture mains-libres du coffre, c’est top pour les vacances en famille mais ça reste insuffisant pour le dauphin-béluga (Béluphin ? Dauluga ?) rose et blanc, j’ai dû laisser mes enfants à la maison.

Le Nissan Qashqai e-Power sur la route

La transmission (façon de parler) se gère par le bouton coulissant au milieu, et on se demande juste pourquoi le mode B n’est pas le mode par défaut : celui-ci améliore la régénération de la batterie quand on lève le pied, et c’est très bien. Petite mention spéciale pour le système e-Pedal spécifique à Nissan, activable par un bouton à gauche de la commande de transmission : il s’agit d’un mode faisant que lorsque l’on lâche la pédale d’accélérateur, la voiture ralentit, de plus en plus fort : ainsi, on peut conduire avec un seul pied en environnement urbain par exemple, et ça change la vie. Le périphérique ou l’A86 avec le e-Pedal activé, c’est quand même autre chose. Pour la caméra 360, mon verdict est le même que celui de mon estimé collègue : elle est top.

Le comportement dynamique du Nissan Qashqai e-Power n’est pas vraiment remarquable, c’est-à-dire qu’il est assez attendu de la part de ce type d’auto. Plutôt sécurisant, on sent bien le poids qui grève un peu les performances, mais vu qu’il est prévu pour être un véhicule familial, ça n’est pas gênant. Ce qui est gênant, c’est la légère hésitation qu’il a quand on passe d’une allure cool à un appui franc sur l’accélérateur, en cas de dépassement par exemple. C’est léger, mais ça fait penser à un kick-down de boîte automatique, un comble ! En fait c’est juste le moteur essence qui se met en condition pour fournir un maximum de puissance, mais au final c’est assez inconfortable.

Les cyber-terroristes ont essayé de m’avoir, j’en sais désormais trop

Enfin, il m’est arrivé un truc assez étrange lors de cet essai : en partant tôt un matin (vers 5h30), j’ai remarqué lors de nos 2-3 premiers kilomètres que le compteur de vitesse mettait très longtemps à se mettre à jour : il affichait 45 km/h, puis 1 minute plus tard passait d’un coup de 45 à 85 km/h. Bizarre, j’ai mis ça sur le compte du réveil difficile de l’auto. Puis, quelques centaines de mètres plus loin, tout le tableau de bord de la voiture s’est éteint : les écrans étaient noirs, alors que je roulais toujours !

Au bout de 5 secondes, tout le système semble avoir redémarré, avec le même petit jingle que quand on met le contact (je roulais toujours, hein), mais tous les compteurs (kilométrage et consommation depuis le dernier plein/depuis dernière réinitialisation/depuis le démarrage) se sont remis à zéro, à l’exception du totaliseur kilométrique global. C’est pour ça que vous n’aurez pas ma conso lors de mon dernier plein. Et aussi, au fond de la Normandie, de nuit, c’est un peu flippant. Plus de peur que de mal au final, et pendant toute l’opération (une trentaine de secondes) j’avais toujours le contrôle, mais bon, c’est un peu étrange. Probablement une attaque des cyber-terroristes reptiliens Illuminati de la terre creuse.

En conclusion :

Si le Nissan Qashqai e-Power est un crossover qui fait plutôt bien le boulot en termes de transport de famille/praticité/ergonomie, je n’ai pas été convaincu par sa motorisation. L’innovation en elle-même est plutôt cool, et ouvrira des portes quand elle sera plus performante, malheureusement je me demande si elle n’arrive pas un peu tard, alors que les bornes de recharge commencent à être monnaie courante. Le e-Power est peut-être juste né trop tard (comme moi qui ne verrai jamais Queen en concert, ou les Clash, ou Led Zeppelin, je ne compte pas le concert de 2007).

Le Qashqai e-Power fait le taf, comme on dit. Il perfectionne la recette qu’il a lui-même inventée, mais pèche sur la motorisation : nouveau ne veut pas forcément dire mieux. Il reste une bonne auto familiale, dans la moyenne du secteur.

On aime

Excellentes e-Pedal et caméra 360.
Kid-friendly.
La luminosité à l'intérieur de cette version.

On aime moins

Le bruit du 3 cylindres sur voies rapides.
La consommation décevante.
Le béluphin ne rentre pas dans le coffre.

L'avis de l'équipe Hoonited
La note de l'équipe Hoonited
La note du public
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Couleur
10
8.5
Extérieur
8.0
8.5
Jantes
8.0
8.0
Intérieur
8.0
7.8
Performances
7.0
9.0
Consommation
6.0
6.0
Autonomie
7.0
7.5
Châssis
7.0
8.0
Prix
7.0
7.0
Assumerais-je de rouler avec ça ?
5.0
9.0
7.3
La note de l'équipe Hoonited
7.9
La note du public
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Julien Zlata